Les forces irakiennes soutenues par la coalition internationale antijihadistes menée par Washington "auront bientôt terminé l'opération de reconquête de Mossoul", la deuxième ville d'Irak passée aux mains de l'EI en juin 2014, estime Patrick Martin, spécialiste de l'Irak à l'Institute for the Study of War (Institut des études de la guerre) à Washington.
Mais "les derniers quartiers seront les plus difficiles à reprendre, surtout la vieille ville et les quartiers restant dans le nord-ouest de Mossoul", dans le nord du pays, ajoute-t-il.
La progression dans la vieille ville, un entrelacs de ruelles étroites où résideraient encore des centaines de milliers de civils, s'avère ardue et lente.
"Vous ne pouvez pas y faire entrer des véhicules, c'est donc une opération à pied", indique le général Rick Uribe, l'un des responsables au sein de la coalition internationale.
"Parfois, nous avons une bonne journée si nous avons avancé de 50 mètres", ajoute-t-il.
Les forces irakiennes ont lancé l'opération pour reprendre Mossoul le 17 octobre. Quelque 30.000 membres de l'armée, la police et le contre-terrorisme sont impliqués dans la bataille.
Elles ont reconquis la partie orientale de cette cité coupée en deux par le fleuve Tigre un peu plus de trois mois plus tard, le 24 janvier.
Le 19 février, elles sont reparties à l'offensive pour reconquérir la partie ouest de la ville.
Hydre jihadiste
Depuis, des centaines de civils ont été tués dans les combats et plus de 200.000 personnes ont été déplacées. La coalition internationale a déclaré avoir "probablement" joué un rôle dans la mort de civils à Mossoul, tout en accusant les jihadistes d'utiliser les habitants comme "boucliers humains".
Pour l'EI, perdre Mossoul serait un grand camouflet puisque la ville est son dernier grand bastion urbain en Irak.
Toutefois, "en finir à Mossoul ne veut pas dire que c'est terminé pour Daech (acronyme arabe de l'EI) en Irak", estime le général Uribe. "Il y a encore un nombre significatif de secteurs en Irak qui demanderont d'être nettoyés de Daech (acronyme de l'EI en arabe)", ajoute-t-il.
Selon le commandement conjoint des opérations, une structure irakienne coordonnant la lutte antijihadistes, l'EI a beaucoup perdu de terrain depuis ses gains éclairs en 2014.
S'il avait réussi alors à s'emparer de 40% du territoire irakien, il n'en détenait plus que 6,8%, a indiqué le 11 avril le général Yahya Rassoul, porte-parole de ce commandement conjoint.
Mais les jihadistes restent présents dans des zones à l'ouest de Mossoul et dans la province occidentale d'Al-Anbar.
Et selon Patrick Martin, ils ont "reconstitué des capacités d'attaques dans la province de Diyala (est) ou dans celle centrale de Salaheddine".
"Les victoires (irakiennes) à Mossoul occultent la résurgence de l'EI dans d'autres provinces", met en garde l'analyste et le groupe garde une forte capacité à mener des attaques suicides meurtrières.
Une victoire contre l'EI à Mossoul laissera l'Irak face à des problèmes épineux. Les querelles politiques entre l'Etat central et la région autonome du Kurdistan pour le contrôle des territoires dans le nord pourraient ressurgir avec force.
Et le pays devra faire face aux lourdes conséquences de cette violente guerre: villes dévastées à reconstruire, centaines de milliers de civils déplacés. Sans compter les milliers d'enfants déscolarisés depuis des années qui pourraient constituer une génération perdue.
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