C'est la première fois qu'un chef d'Etat viendra commémorer cette bataille qui a engendré des pertes colossales dans les deux camps : 187.000 vies côté français, dont de nombreux tirailleurs sénégalais, et 163.000 côté allemand.
"Ce centenaire doit permettre de réintégrer pleinement dans la mémoire nationale de la Grande Guerre celle du Chemin des Dames, trop longtemps marginalisée et dans l'ombre de Verdun, de la Somme et de la Marne", selon le secrétariat d'Etat chargé des anciens combattants et de la Mémoire.
La matinée débutera sur le Plateau de Californie, un des lieux emblématiques de la bataille situé à quelques kilomètres du village martyr de Craonne (prononcer: Cranne), d'où une marche commentée de 5 km démarrera avant l'aube.
Pour la première fois lors d'une cérémonie officielle, un choeur entonnera la "Chanson de Craonne", hymne des soldats harassés par le conflit et censuré par le commandement militaire : "Adieu la vie/Adieu l'amour/Adieu toutes les femmes/(...) C'est à Craonne, sur le plateau/qu'on doit laisser sa peau/car nous sommes tous condamnés/C'est nous les sacrifiés!"
L'ex-Premier ministre Lionel Jospin, qui sera présent dimanche au côté de François Hollande, fut le premier en 1998 à réhabiliter ces mutins, jugeant qu'ils devaient "réintégrer aujourd'hui, pleinement, notre mémoire collective nationale", un discours qui fait désormais l'objet d'un consensus républicain, selon l'Elysée.
Le président de la République, dont un grand-père servit comme sergent dans l'infanterie au Chemin des Dames, se rendra ensuite à Oulches-la-Vallée-Foulon dans la Caverne du Dragon, une grotte transformée en caserne puis en musée. Il y inaugurera une sculpture réalisée par Haïm Kern en hommage aux soldats tombés en 14-18.
Au côté de l'ambassadeur d'Allemagne, Nikolaus Meyer-Landrut, il se recueillera ensuite dans le cimetière militaire allemand de Cerny-en-Laonnois, avant de se rendre à la nécropole nationale et de présider la cérémonie officielle du centenaire.
La journée de commémorations doit se clore par un moment de recueillement lors d'une grande veillée du souvenir dans plus de 280 communes de l'Aisne.
Après le fiasco, les mutineries
La bataille du Chemin des Dames demeure entourée par "un grand silence dans l'historiographie" mais aussi "dans les manuels scolaires, dans les discours" alors que c'est "un échec d'une offensive française qui a conduit à des mutineries colossales", souligne Nicolas Offenstadt, historien associé aux commémorations.
Après la victoire-symbole de Verdun, les Alliés français et anglais décident de reprendre une guerre de mouvement pour faire reculer le front allemand, mais les poilus peinent à progresser, se heurtant au relief escarpé de ce chemin de crête pilonné par les obus.
L'offensive du général Nivelle, censée être rapide et décisive grâce à l'utilisation des tout premiers chars de combats, tourne au fiasco et s'éternise : les combats durent finalement jusqu'à la prise du fort de la Malmaison, le 25 octobre 1917. Côté français, ils mobiliseront un million d'hommes.
Nivelle, limogé le 15 mai, cède sa place au général Philippe Pétain, dont la première mission est de gérer la fronde qui s'organise à l'arrière, touchant entre 30.000 et 40.000 hommes. Les mutineries au sein de l'armée, et les "fusillés pour l'exemple" qui ont suivi - il y en eut 26, quelque 500 autres condamnés à mort furent graciés - découlent de la crise du moral des troupes exsangues, lasses de risquer leur vie dans des conditions déplorables.
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