D'ordinaire, les images marquantes en Ligue des champions sont des dribbles ou des buts, comme ce beau doublé de Paulo Dybala, pépite de la Juventus, face au Barça battu 3 à 0 mardi. Mais cette fois c'est un bus aux vitres ravagées par de larges impacts qui reste en mémoire.
L'attentat qui a visé le car du Borussia, avec des explosifs placés sur son trajet pour le stade, a fait deux blessés dont le joueur Marc Bartra et n'a pas encore livré ses secrets.
Aucun élément de l'enquête en Allemagne ne permet d'incriminer jusqu'à présent le principal suspect et de nombreuses zones d'ombre restent à éclaircir, à commencer par le bien-fondé de la piste islamiste.
La sidération a en tout cas envahi un monde du football qui vit habituellement dans sa bulle.
A l'image de Pep Guardiola, coach-star de Manchester City qui a livré cette étrange réponse à une question sur Dortmund: "C'est un peu effrayant ce qui se passe dans le monde, un peu fou. Ce qui se passe en Syrie... Espérons que le président des Etats-Unis, les présidents de Russie et de Chine puissent intervenir et trouver une solution, car sinon on ne sait pas comment tout ça va finir".
'Le choc dans leurs yeux'
Jürgen Klopp, entraîneur de Liverpool qui fut celui de Dortmund, s'est lui aussi épanché. "Je connais parfaitement cette route et beaucoup d'amis à moi étaient dans ce bus. J'ai vu les visages de mes anciens joueurs après le match (reporté d'une journée après l'attaque et perdu 3 à 2 par Dortmund face à Monaco) et j'ai vu le choc dans leurs yeux. Ca prendra forcément du temps pour gérer tout ça".
Alors que les joueurs côtoient d'habitude kinés et préparateurs physiques, ceux du Borussia ont désormais une cellule de soutien psychologique à leur disposition.
"Chacun doit affronter cela à sa façon. Personne ne l'a ressenti exactement de la même façon. Certains joueurs ont vu l'explosion (...) il y a beaucoup de façons différente de travailler sur le traumatisme", a commenté l'entraîneur de Dortmund Thomas Tuchel, furieux contre la décision de faire jouer le match au lendemain de l'attaque. Son équipe rejoue samedi à domicile contre Francfort, en championnat allemand.
A Lyon, c'est la peur qui domine après un quart de finale aller d'Europa League contre le club turc de Besiktas -- et ses 20.000 fans dans le stade lyonnais -- qui a viré au chaos: violences devant le stade puis en tribunes, envahissement de la pelouse et coup d'envoi retardé de 45 minutes (victoire de l'OL 2 à 1). Jeudi prochain, il y aura un match retour dans un stade stambouliote déjà réputé bouillant avant l'épisode de jeudi soir.
Sanctions de l'UEFA ?
"Je ne sais pas ce qu'il faut faire, jouer à huis clos ou ailleurs mais ce serait très dangereux pour nous d'affronter cet adversaire avec les mêmes supporters" (turcs, ndlr), a estimé le président lyonnais Jean-Michel Aulas.
Lyon avait décidé dès le tirage au sort de ne pas organiser de déplacement à Istanbul pour ses supporters. Mais ce match sera sans doute classé à risques et placé sous haute sécurité.
En attendant, l'UEFA, instance de tutelle de la compétition, pourrait décider de sanctionner les deux clubs.
C'est ainsi qu'elle a procédé jeudi en ouvrant des procédures disciplinaires contre l'Atletico Madrid et Leicester après des incidents dans le stade madrilène où se jouait mercredi un quart de finale aller de Ligue des champions. Incidents beaucoup moins graves qu'à Lyon: un escalier bloqué et un membre du staff anglais renvoyé en tribunes par l'arbitre.
Pour les débordements à l'extérieur de l'enceinte, en ville, c'est la justice espagnole qui a frappé.
Huit supporters des "Foxes" de Leicester ont été condamnés à quatre mois de prison -- en Espagne les peines inférieures à deux ans ne sont pas exécutées et équivalent donc à du sursis -- après des heurts avec des forces de l'ordre en marge de la rencontre.
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