Fort du soutien de la Russie et de l'Iran, il semble ne pas être impressionné par les menaces des Etats-Unis, ni par la première attaque contre une base de son armée de l'air il y a quelques jours.
"Les souffrances du peuple syrien sont les seules choses qui peuvent m'empêcher de dormir de temps en temps. Mais certainement pas les menaces occidentales", a-t-il dit dans un entretien exclusif accordé mercredi à l'AFP.
Avec son ton courtois, ses complets bien coupés à l'occidentale et ses cravates sobres, le président âgé de 51 ans ressemble à un cadre supérieur.
Mais cette apparence posée cache un caractère inflexible. "Pour Assad, cela a toujours été un combat à la vie et à la mort. Il n'a jamais été question pour lui d'arrêter la guerre. C'est soit la victoire, soit la défaite", affirme l'ex-diplomate néerlandais Nikolaos van Dam, un expert de la Syrie.
Bachar al-Assad a vu son destin brusquement bifurquer à la mort en 1994 de son frère Bassel, le "dauphin" du régime, tué dans un accident de la route à Damas.
L'ophtalmologue est alors contraint de quitter Londres où il poursuit une spécialisation et où il a rencontré sa femme Asma, une Syro-britannique de confession sunnite qui travaillait à la City pour JP Morgan. Bachar al-Assad est lui issu de la minorité alaouite, une branche du chiisme, dans un pays majoritairement sunnite.
Le nouveau dauphin est initié aux dossiers politiques par son père Hafez al-Assad, avec qui il partage un caractère froid et énigmatique. Hafez, au pouvoir depuis 1970, est alors un chef d'Etat à la poigne de fer. A la mort de Hafez en 2000, Bachar lui succède.
Forte confiance en soi
"Le régime possède un demi-siècle d'expérience sur la manière de rester au pouvoir. Il a le soutien de l'armée et des services de sécurité", explique M. van Dam, auteur de "La lutte pour le pouvoir en Syrie".
Père de deux garçons et d'une fille, le président syrien confie n'avoir rien changé à ses habitudes pendant la guerre: il habite toujours dans sa maison à Damas, conduit lui-même ses enfants à l'école et travaille dans son bureau au centre-ville.
Pris de court par la révolte en mars 2011, dans le sillage du Printemps arabe, Bachar al-Assad a rapidement choisi la voie de la répression sanglante. Il présente ses opposants comme des jihadistes et le soulèvement comme un complot des Etats-Unis et d'Israël contre "l'axe de la résistance", dont il se targue d'être le représentant.
Mais ce qui lui a permis de l'emporter, c'est sa conviction qu'il allait gagner, estiment les experts.
"Les conseillers d'Assad ont répété depuis le début qu'ils étaient confiants dans le succès, tant que l'aviation américaine ne bombardait pas Damas et que les Etats-Unis ne s'impliquaient pas directement dans la guerre", note Joshua Landis, directeur du Centre d'études pour le Moyen-Orient, à l'Université d'Oklahoma.
En outre, M. Assad a su, comme son père, se montrer patient et attendre son heure.
"Il a été à l'école de son père et cette école a toujours su maîtriser le facteur temps et, de fait, faire tourner le vent défavorable en un vent favorable", note Waddah Abed Rabbo, rédacteur en chef du quotidien proche du pouvoir al-Watan.
Mais la clé de sa victoire, c'est la solidité de ses alliances. "Il n'a jamais douté de la victoire car il savait que son pays avait noué depuis des décennies une alliance solide et stratégique avec la Russie, l'Iran et d'autres", ajoute-t-il.
Les relations avec Moscou et Téhéran ont plus de 40 ans d'âge. Elles datent de l'époque de l'Union soviétique et de la guerre entre l'Iran et l'Irak dans les années 1980.
Lorsque le secrétaire d'État américain Rex Tillerson affirme que c'est bientôt la fin du règne de la famille d'Assad, il nie que son clan domine la Syrie. M. Tillerson "rêve, il hallucine", ironise le président syrien.
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Bachar a longtemps été un ami de la France. En 2008 il était l'invité d'honneur de Sarkozy lors de la cérémonie du 14 juillet. Il a aussi apporté son soutien à Fillon après la primaire de la droite. Il ne semble pas que Fillon ait été ennuyé par le soutien de ce grand démocrate.