Une deuxième manifestation anti-blocage en deux jours était prévue mercredi matin à Cayenne. Mais son horaire comme le lieu devant l'accueillir restaient flous.
"Le conflit s'enlise, il faut adapter le mouvement, peut-être en ne mettant que cinq barrages, mais aux bons endroits", a estimé mardi Thomas Saumier, guide touristique de 40 ans, pour qui le collectif à l'origine de la mobilisation, "Pou La Gwiyann dékolé", porte "des revendications vitales" mais "n'écoute pas" le ras-le-bol des blocages. Peu après, un échange houleux l'a opposé à un cadre de "Pou la Gwiyann dékolé".
Mardi, 200 à 300 opposants ont manifesté pour la première fois à Kourou, où se trouve le centre spatial, derrière une banderole "Pou La Gwiyann circulé". Des passants ont crié leur désaccord, un trentenaire les traitant notamment de "traîtres".
Environ 250 protestataires ont signé une "main courante", déposée à la gendarmerie de Kourou, pour "faire constater" qu'ils n'ont "pas accès à la libre circulation", a expliqué Denis Burlot, chef d'entreprise de 51 ans.
Les "500 frères contre la délinquance", fers de lance de la contestation, ont de leur côté été reçus comme des rock-stars à Saint-Laurent du Maroni, la deuxième ville de Guyane, dont les jardins de la sous-préfecture sont occupés par des partisans de la poursuite du blocage. Des gardes mobiles, bouclier à la main, sont postés devant le bâtiment administratif, selon une vidéo prise par Guyane première.
Des centaines de personnes ont applaudi les "frères", confirmation que ce groupe, dont les membres marchent encagoulés, dispose d'une assise populaire forte.
"La mobilisation se poursuit en l'état, les barrages restent les mêmes. On leur laisse jusqu'à mercredi pour nous répondre", a déclaré Mikaël Mancée, l'un des leurs porte-paroles, dans une vidéo postée sur Facebook. Le combat "ne fait que commencer", a-t-il assuré.
Bataille de pétitions
Alors qu'un Conseil des ministres a validé la semaine dernière un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros pour la Guyane, le collectif au coeur du conflit social réclame 2,1 milliards d'euros supplémentaires.
Mais les appels officiels à lever les barrages se multiplient. François Hollande a fait valoir que "l'économie guyanaise ne doit pas être fragilisée plus longtemps".
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, le président de la Collectivité territoriale de Guyane Rodolphe Alexandre et la maire de Cayenne Marie-Laure Phinéra-Horth ont demandé que cesse le blocage.
"On ne peut pas multiplier les annonces, les promesses" intenables, à douze jours du premier tour de l'élection présidentielle, a encore insisté le chef de l'Etat lundi.
Alors que les barrages ne laissent plus passer les voitures depuis dimanche minuit, de nouveaux sites de blocage ont pourtant été installés mardi à la sortie de Cayenne en direction de Kourou ainsi que dans la ville spatiale, a constaté l'AFP.
Devant les critiques de la population, les piétons, les vélos et les scooters peuvent toutefois passer, tout comme les véhicules d'urgence.
"Il n'est pas tolérable de se voir refuser le droit de circuler librement sur le territoire", selon les signataires d'une pétition en ligne qui avait recueilli mercredi plus de 2.700 paraphes. Près de 3.800 internautes font aussi partie d'un groupe Facebook "Stop aux barrages en Guyane".
Mais une autre pétition, intitulée "Pour le maintien des barrages en Guyane", mise en ligne mardi, a recueilli en quelques heures plus de 3.700 signatures.
La "grève générale illimitée", décrétée le 25 mars et qui bloque le port de Cayenne, entraîne désormais des pénuries, notamment de produits frais, tandis que les ordures ne sont plus ramassées depuis mardi dans Cayenne et ses environs.
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