Le président russe Vladimir Poutine a lui mis en garde quelques instants avant l'arrivée du responsable américain contre des "provocations" à l'arme chimique qui seraient selon lui en préparation en Syrie afin de mettre en cause Bachar al-Assad.
La visite de Rex Tillerson est la première d'un haut responsable américain depuis l'investiture en janvier de Donald Trump, qui a prôné lors de sa campagne de meilleures relations avec la Russie, au plus bas depuis la fin de la Guerre froide.
Mais depuis une semaine et après l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, la nouvelle administration américaine a fait volte-face sur la question syrienne, bombardant pour la première fois l'armée syrienne.
Arrivé dans l'après-midi à Moscou, Rex Tillerson est porteur d'un message de fermeté de ses homologues des pays du G7 réunis en Toscane: Moscou doit revoir son alliance avec le président Bachar al-Assad après l'attaque chimique présumée dont les Occidentaux lui imputent la responsabilité.
"Est-ce une alliance à long terme qui sert les intérêts russes, ou la Russie ne préférerait-elle pas se réaligner sur les Etats-Unis et les autres pays occidentaux et du Moyen Orient qui cherchent à résoudre la crise syrienne?", a lancé M. Tillerson.
Le responsable américain doit notamment rencontrer mercredi, au cours de cette visite de deux jours, son homologue russe Sergueï Lavrov. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a en revanche affirmé ne pas pouvoir confirmer si une rencontre avec Vladimir Poutine était à l'agenda.
Pas de 'confrontation'
Le président russe a lui mis en garde contre d'éventuelles manipulations. "On s'apprête à balancer de nouveau quelque substance et accuser les autorités syriennes de son utilisation", a déclaré M. Poutine alors qu'il recevait au Kremlin le président italien Sergio Mattarella.
Changeant drastiquement sa position jusque-là perçue comme isolationniste, Donald Trump avait pour la première fois depuis le début du conflit ordonné une frappe américaine contre l'armée syrienne en bombardant une base aérienne dans la nuit du 6 au 7 avril, en réponse à cette attaque chimique présumée qui avait fait 87 morts deux jours auparavant à Khan Cheikhoun.
Cette frappe a été qualifiée d'"agression contre un Etat souverain" par M. Poutine.
La diplomatie russe espère des "négociations productives" avec le secrétaire d'Etat, disant rechercher une "coopération constructive" et non la "confrontation" avec les Etats-Unis.
Les relations entre les deux pays sont non seulement minées par leurs profonds désaccords sur la Syrie, notamment sur le sort de Bachar al-Assad, mais également par la crise ukrainienne.
Le président ukrainien Petro Porochenko s'est entretenu au téléphone avec Rex Tillerson avant d'atterrir à Moscou. La diplomatie russe souhaite pour sa part que Washington fasse pression sur Kiev pour qu'il "applique strictement ses engagements" prévus par les accords de paix de Minsk pour l'est de l'Ukraine.
M. Tillerson devrait également évoquer avec son homologue russe la lutte antiterroriste, l'Afghanistan, le Yémen et la Libye. Il doit se rendre mardi soir à l'ambassade américaine de Moscou pour rencontrer les employés.
Sa visite précède une rencontre tripartite entre M. Lavrov et les chefs de la diplomatie syrien Walid Mouallem et iranien Mohammad Javad Zarif, prévue "à la fin de la semaine à Moscou", selon la porte-parole de la diplomatie russe.
- Le G7 ferme sur Assad -
En Italie, les pays du G7, Etats-Unis en tête, ont jugé que l'avenir de la Syrie devait s'écrire sans Bachar al-Assad.
Ils ont plaidé pour un cessez-le-feu garanti par un dispositif international, pour "empêcher les avions syriens de décoller, bloquer les missiles anti-aériens et cantonner les forces syriennes", afin que les discussions de Genève entre le régime et l'opposition puissent reprendre au plus vite.
Sur le terrain, les combats ont continué mardi, et deux soldats russes qui officiaient comme instructeurs pour l'armée syrienne ont été tués par un obus de mortier, a annoncé l'armée russe dans un communiqué, sans précision de date ni de lieu.
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