"C'est le bazar", témoigne Patrick, un volontaire venu prêter main forte au lendemain de l'incendie qui a détruit le camp à 70%. "Certains ne sont pas hébergés et trainent en ville" ou dans les grandes surfaces de la région, selon lui.
Patrick est venu donner un coup de main dans un des trois gymnases réquisitionnés en urgence pour abriter une partie des réfugiés désormais sans toit - soit à peine 500 personnes, selon François Guennoc, un responsable de "l'Auberge des migrants", les autres ayant passé la nuit dans la rue.
"Il y a beaucoup de gens dehors, le préfet va devoir gérer leur relogement dans la journée", s'inquiète M. Guennoc, vice-président de cette association très active dans le camp situé au bord de la Manche, en face des côtes anglaises que les migrants rêvent de rejoindre.
Des forces de l'ordre ont été envoyées en renfort dans la région "afin de prévenir les troubles à l'ordre public", selon un communiqué des ministres de l'Intérieur et du Logement qui ont prévu de se rendre sur place dans la journée.
C'est une rixe entre migrants afghans et kurdes qui est à l'origine de l'incendie qui a ravagé la majeure partie des 300 chalets en bois construits début 2016, selon les autorités.
"Les tensions au sein du camp ont augmenté après le démantèlement de Calais du fait de sa surpopulation", a déclaré à l'AFP Pierre Henry, le directeur général de l'association France Terre d'asile, en référence à la fermeture du grand bidonville de la Jungle, vidé par les autorités françaises en octobre.
"Les plans actuels étaient justement de faire baisser cette population en ouvrant de nouvelles places dans les centres d'accueil et d'orientation (CAO) pour les accueillir", a-t-il dit.
Il faut désormais faire en sorte que les sans abri "ne se répartissent pas dans la région sans aucune aide et sans aucun soutien", a-t-il déclaré sur la radio France Info.
"Nous travaillons déjà avec les ministères concernés pour des départs de migrants vers les centres d'accueil et d'orientation (CAO) qui existent et que nous armerons en conséquence", a déclaré le préfet du Nord, Michel Lalande lors d'un point de presse sur place.
Selon le préfet, il faut "faire en sorte que tous ceux qui errent sur les grands axes routiers de cette région (...) puissent être réconfortés et rassurés, pour les mettre à l'abri eux aussi".
'Des tensions depuis des semaines'
Puis il faut "consolider un accueil d'urgence qui nous permet de faire une mise à l'abri sur plusieurs jours qui ne pénalise pas les habitants", a-t-il dit.
En pleine campagne présidentielle, l'incendie de Grande Synthe, un camp longtemps considéré par certains comme un modèle, a suscité de vives réactions des différents candidats.
C'est "le signe du grand chaos migratoire qui bouscule notre pays depuis des années. (...) Ce chaos doit cesser, a martelé la candidate d'extrême-droite Marine Le Pen.
"L'ensemble des campements de migrants seront démantelés après mon élection si les Français m'élisent à la tête de l'Etat", a assuré celle qui arrive en tête des intentions de vote au 1er tour avec le centriste Emmanuel Macron.
"Il va bien falloir reprendre la discussion avec la Grande-Bretagne sur la situation qui nous est faite d'être en quelque sorte les gardes-frontières de ce pays", a estimé Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement de M. Macron, "En Marche!"
Pour François Fillon, le candidat conservateur, cet incendie démontre que "la construction de camps n'est pas la solution, parce qu'elle amène sans cesse de nouvelles vagues de migrants et que la seule solution, c'est le contrôle aux frontières".
Le maire écologiste de Grande-Synthe, Damien Carême qui avait fait bâtir le camp en dur malgré l'opposition des autorités de l'Etat, a renvoyé dos à dos tous les prétendants à l'Elysée: "chaque candidat, qu'il le veuille ou non, doit intégrer le problème de la prise en charge de la migration en France", a-t-il dit mardi.
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