Si tous les véhicules, à l'exception des engins d'urgence, seront bien empêchés de franchir les barrages érigés dans les villes, "on ne peut pas aujourd'hui faire des blocages pour empêcher les piétons, les vélos et les scooters de passer", a reconnu Olivier Goudet, un porte-parole des "500 frères contre la délinquance", interrogé dimanche soir par des journalistes.
Samedi, un membre du collectif avait pourtant annoncé la "fermeture totale jusqu'à nouvel ordre" des barrages à partir de dimanche minuit (05H00 à Paris), même pour les personnes "à pied", "à moto" ou "à vélo".
Alors que les douze coups de minuit sonnaient sur le rond-point Suzini de Cayenne, une partie des accès restait toutefois ouverte et des voitures pouvaient franchir le barrage. "Le chef du rond-point nous a demandé de ne fermer qu'à 04H00 pour permettre aux gens de rentrer chez eux", a déclaré une militante. "Mais pour les retardataires, ensuite, il sera trop tard."
L'annonce du blocage total des barrages, jusqu'alors gérés avec une certaine souplesse, avait provoqué la mobilisation des opposants à la poursuite du mouvement.
"Il n'est pas tolérable de se voir refuser le droit de circuler librement sur le territoire. (...) Une partie de la Guyane a peur de s'exprimer", affirment les signataires d'une pétition en ligne qui a recueilli plus de 1.800 paraphes. Plus de 2.000 internautes faisaient partie dimanche d'un groupe Facebook intitulé "Stop aux barrages en Guyane".
La ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a demandé dimanche au collectif de "lever les derniers barrages".
"Les enfants doivent pouvoir retourner à l'école dans un environnement apaisé. (...) L'économie guyanaise ne peut être ainsi fragilisée plus longtemps", a-t-elle déclaré lors d'une déclaration depuis Paris retransmise sur Guyane première.
'Otage'
La Guyane connaît depuis plus de deux semaines un mouvement social marqué par des revendications sécuritaires, sanitaires et éducatives. Une "grève générale illimitée" a été décrétée le 25 mars, paralysant l'activité économique. Le blocage du port de Cayenne provoque des pénuries, notamment de produits frais.
La Fédération du bâtiment et des travaux publics en Guyane, qui s'est dite "prise en otage", a demandé à l'Etat d'"assurer sa mission de service public" en permettant la libre circulation sur le territoire.
"En continuant, on enlise davantage la Guyane", a regretté Franck Louison, un cadre pour la Guyane de la Fédération des très petites entreprises (FTPE), qui s'est retirée du collectif vendredi.
Le Conseil des ministres a validé mercredi une aide d'urgence de plus d'un milliard d'euros à destination de ce département d'outre-mer sinistré. "Pou La Gwiyann dékolé" réclame 2,1 milliards supplémentaires.
Alors qu'Ericka Bareigts a fait savoir que l'exécutif actuel n'irait pas au-delà, car "il s'agirait d'un engagement sans valeur qui raisonnablement ne pourrait lier le prochain gouvernement", le collectif a organisé dimanche soir un "meeting d'explication" à Cayenne, auquel ont assisté des centaines de personnes, a constaté l'AFP.
"Des gens m'appellent et me disent : +Je n'ai plus de gaz+. C'est pas grave ! On fera la cuisine au charbon", a plaisanté sur scène Monique Guard, une militante féministe membre du collectif. "Le combat va être encore long", a-t-elle assuré.
"On voit qu'il y a moins de monde ce soir et que les gens commencent à s'essouffler. 90% de mes amis m'ont lâché. Mais j'y crois", a remarqué Jean-Charles, plombier, présent dans le public.
Des heurts étaient survenus vendredi devant la préfecture de Guyane, où des centaines de personnes s'étaient rassemblées. Plusieurs policiers avaient été frappés et le numéro 2 de la police en Guyane envoyé à l'hôpital. Des gaz lacrymogènes avaient été utilisés pour extraire l'officier, selon la préfecture.
"J'invite chacune et chacun à refuser que ce mouvement se transforme en une escalade de violences", a lancé la ministre des Outre-mer. La préfecture a annoncé samedi avoir saisi le procureur de la République.
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