Donné au coude-à-coude avec François Fillon dans les intentions de vote au premier tour, le candidat de La France insoumise a cette fois choisi le thème de la paix et le Vieux Port, espérant que des dizaines de milliers de personnes débordent dans la Canebière.
"Il est infiniment plus prêt que l'état de surprise de la dernière fois", promet Clémentine Autain, porte-parole d'Ensemble et soutien de M. Mélenchon. "Le paysage a changé, cette élection est beaucoup plus incertaine, plus mouvante qu'en 2012 où elle était dominée par les deux grands partis à l'époque", assure de son côté Manuel Bompard, son directeur de campagne.
Mais pour cela, Jean-Luc Mélenchon ne doit pas céder à la pression. Le 14 avril 2012, son discours sur la plage du Prado était en effet resté comme une contradiction de sa première campagne. Ode aux vertus du métissage et à la Méditerranée, ce meeting très personnel et inspiré avait paradoxalement sonné l'arrêt de sa progression qui le portait déjà au delà de 15% dans les sondages.
Qualifiant la campagne 2017 de "fascinante", le candidat de La France insoumise a estimé vendredi sur le plateau de France 2 avoir "rarement vu autant le peuple français se chercher" que cette année. "J'ai le culte de l'action populaire, mon optimisme est sans limite", a-t-il ajouté, posant les enjeux de son intervention dimanche.
Non seulement il est prêt mais tout a été organisé pour qu'il tienne jusqu'au bout. Et s'il a lui-même reconnu être "très fatigué", en meeting à Châteauroux dimanche dernier, il a réussi à s'illustrer dans les débats télévisés au point de se présenter dans le même temps comme "une figure rassurante".
"Au bord du point de bascule"
Étonnant de la part de cet homme sanguin et entier, connu pour ses coups de gueule. Mais cela s'explique selon lui par une campagne minée par les affaires, où lui-même, lancé depuis 14 mois et s'appuyant sur un programme longuement pesé et très complet, s'apparenterait à "un chemin balisé". "Du coup, j'apparais pour beaucoup comme une solution raisonnable… Non, pas raisonnable… raisonnée. Avec moi, il y a des étapes, un calendrier, une méthode", analysait-il récemment.
Pas le droit à l'erreur donc, d'autant que le relatif tassement d'Emmanuel Macron lui ouvre la porte de la finale. M. Mélenchon distance de plus depuis maintenant trois semaines le socialiste Benoît Hamon, dont la dynamique s'est enrayée avec le feuilleton des départs socialistes vers le candidat d'En Marche!.
"Le mécanisme du vote utile profite à Jean-Luc Mélenchon", explique un proche, "on est au bord du point de bascule".
De fait, au delà des intentions de vote, M. Mélenchon atteint des sommets de popularité. Avec 51% d'opinions positives (+19 points en un mois), il a pris jeudi la tête des personnalités politiques préférées des Français.
Convaincre les indécis est son actuel credo. Au premier rang desquels, pourquoi pas, les Gaullistes soucieux de la souveraineté de la France à qui s'adresse son discours de sortie de l'OTAN et de bataille pour la paix dans le monde. Mais aussi les abstentionnistes des classes ouvrières et employées. Vendredi, il a commenté leur "immense perplexité" face à une gauche politique qui, selon lui, "s'occupait d'eux, de leurs salaires, etc" mais les a "frappés" au cours du dernier quinquennat.
"Au même moment une extrême droite extrêmement active a su capter une certaine énergie", a-t-il poursuivi, promettant de "porter le combat et de convaincre" contre Marine Le Pen.
"Il y a des moments où vous sentez que la situation et les destins s'approchent de vous, je le dis sans prétention", a-t-il ajouté.
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