Même si le scénario exact de ce "désarmement" reste encore flou, une restitution sans conditions de son arsenal, avec la remise aux autorités françaises de la liste de ses caches d'armes et d'explosifs, toutes situées en France, a été confirmée par ETA dans une déclaration adressée dans la nuit de jeudi à vendredi à la radio-télévision britannique BBC.
"ETA a remis les armes à la société civile" et "elles sont sur le sol français", a renchéri vendredi auprès de l'AFP le militant écologiste basque français "Txetx" Etcheverry.
Le gouvernement espagnol a cependant adressé une fin de non-recevoir au mouvement clandestin vendredi: "Qu'ETA sache qu'elle n'a rien à attendre du gouvernement", "aucun avantage, aucun bénéfice politique" de son désarmement unilatéral, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Iñigo Méndez de Vigo.
ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté), née en 1959 dans la lutte contre le franquisme, a renoncé en octobre 2011 à la lutte armée, après 43 ans de violences au nom de l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre et 829 morts attribués à son mouvement clandestin. Mais ETA refusait son désarmement et sa dissolution exigés par Madrid et Paris, réclamant une négociation sur ses membres détenus (environ 360, dont 75 en France et une centaine purgeant des peines de plus de dix ans de prison).
ETA 'à l'agonie'
D'après des experts de la lutte antiterroriste, l'arsenal d'ETA comprendrait environ 130 armes de poing et deux tonnes d'explosifs, pour l'essentiel volées en France. Selon ces experts, ETA est "à l'agonie et le mouvement clandestin compterait tout au plus encore une trentaine de membres".
"Txetx" Etcheverry, responsable du mouvement écologiste basque français Bizi!, qui se présente comme "un artisan de la paix", se garde de toute précision sur les "modalités" de ce désarmement, lesquelles "doivent rester confidentielles".
Toutefois, de sources proches du dossier, on indique que l'opération de "désarmement" pourrait avoir lieu samedi matin autour de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques).
"A partir de demain des experts vont procéder à une série de vérifications", s'est borné à déclarer "Txetx" Etcheverry, faisant ainsi allusion aux membres de la Commission internationale de vérification, une structure non-reconnue par Madrid et Paris, qui oeuvre pour la fin du conflit au Pays Basque. Elle comprend notamment un ancien secrétaire général d'Interpol, le Britannique Raymond Kendall.
Cette Commission a annoncé vendredi soir qu'elle tiendra une conférence de presse samedi matin à 06h45 GMT à la mairie de Bayonne.
Dans un communiqué commun, les gouvernements autonomes du Pays Basque espagnol (Euskadi) et de la Navarre, ainsi que la Communauté d'Agglomération Pays Basque français, présidée par un élu de centre-droit, Jean-René Etchegaray, ont expressément soutenu vendredi la démarche de la Commission internationale de vérification.
La police mobilisée
Dans cette perspective, les services de police, ainsi que des spécialistes du déminage, sous l'autorité du Parquet antiterroriste à Paris, compétent en la matière --ETA étant classée comme "une organisation terroriste" par l'Union européenne (UE)--, sont mobilisés au Pays Basque français et "prêts à intervenir à tout moment", indique-t-on de sources proches du dossier.
Car, historiquement pour ETA, la France et plus particulièrement le Sud-Ouest ont été une véritable "base arrière".
Selon "Txetx" Etcheverry, le Premier ministre, Bernard Cazeneuve, a montré plus de "souplesse" que son prédécesseur, Manuel Valls, vis-à-vis du désarmement en déclarant le 20 mars: "On est dans un Etat de droit, donc si on veut restituer des armes, il n'y a rien de plus facile: il faut les restituer dans le respect rigoureux des règles de l'Etat de droit".
En marge de l'opération de "désarmement" elle-même, un "grand rassemblement populaire" est organisé samedi à Bayonne (13H00 GMT) sur le thème "Nous sommes tous et toutes des artisans de la paix", auquel sont attendus plusieurs milliers de participants.
Vendredi soir, le Parti populaire (conservateur) au pouvoir en Espagne a organisé un "contre-événement", une cérémonie en hommage "aux protagonistes de la défaite de l'ETA", à Vitoria (Pays Basque), centrée autour des familles des victimes d'ETA.
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