Le catamaran de 30,5 m de long pour 12,80 m de large est le premier bateau au monde capable de produire son propre hydrogène par électrolyse à partir de l'eau de mer grâce au couplage des énergies renouvelables, ont expliqué les porteurs de projet, le navigateur Victorien Erussard et l'homme d'images Jérôme Delafosse, tous deux originaires de Saint-Malo.
"Ce bateau est un smart greed (réseau électrique intelligent, ndlr) flottant", a résumé Victorien Erussard, 38 ans, qui travaille sur ce projet depuis 2013.
Il embarque 130 m2 de panneaux photovoltaïques, 2 éoliennes à axe vertical, une aile de traction intelligente qui alimenteront deux moteurs électriques convertibles en hydrogénérateurs.
Le CEA-LITEN (Grenoble) a développé la pile indispensable pour transformer l'hydrogène en énergie. Ce laboratoire "nous a donné la crédibilité technique et scientifique pour ce projet", a souligné Victorien Erussard.
L'hydrogène est obtenue à partir de l'eau de mer après dessalinisation. Elle est ensuite stockée et utilisable en cas d'une production insuffisante provenant des équipements d'énergie renouvelable du bateau.
"Ce bateau se veut un symbole de la mixité énergétique (...) Pour pallier aux problèmes d'intermittence (du renouvelable), on a l'hydrogène que l'on peut stocker en amont", a insisté Victorien Erussard.
L'hydrogène contient jusqu'à trois fois plus d'énergie par unité de masse que le gazole et 2,5 fois plus que le gaz naturel. De plus, sa combustion ne rejette ni CO2 ni particules fines.
L'idée du projet est née de l'aventure de "Solar Impulse", l'avion solaire expérimenté par le Suisse Bertrand Piccard.
"J'avais parlé du projet à Nicolas Hulot qui m'avait encouragé à m'intéresser à l'hydrogène", a rappelé le navigateur et officier de marine marchande.
Nicolas Hulot est le parrain du navire, en compagnie de Florence Lambert, directrice du CEA-LITEN, laboratoire d'innovations pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux.
"Mixité énergétique"
Après une série d'étapes en France jusqu'à la fin de l'année, le navire, "une plateforme expérimentale testée en milieu extrême de l'équateur aux pôles", appareillera pour une "odyssée du futur" de six ans : un tour du monde de 101 étapes sans émission de CO2, pour "partir à la découverte de solutions pour un futur plus propre", a dit Jérôme Delafosse, le chef d'expédition, 45 ans.
"L'idée, c'est de rencontrer tous ceux qui innovent, de passer du constat à l'action, d'être inspirant" avec ce navire sur lequel "il y a de l'innovation sur à peu près tout".
"+Energy Observer+" est destiné à expérimenter des technologies qui seront utilisées dans notre quotidien dans un futur très proche et non dans des années", a souligné Jérôme Delafosse.
L'expédition fera l'objet d'une série documentaire de 8 épisodes et de la création d'un média digital permettant au grand public de suivre en temps réel les différentes étapes et expériences du voyage.
Elle s'inscrira dans la lignée de Jacques-Yves Cousteau ou de Nicolas Hulot, en utilisant les innovations technologiques : réalité virtuelle et augmentée, l'immersion à 360°, son 3D ou live interactif.
Un partenariat a également été conclu avec l'UNESCO qui apportera son soutien et celui de ses représentants dans les divers pays visités, en particulier dans les domaines de la promotion des énergies renouvelables et de la diffusion de contenus pédagogiques.
Le navire est un catamaran de course de 24,38 m, construit en 1983 au Canada par l'architecte Nigel Irens sous la supervision du navigateur Mike Birch.
Premier voilier à franchir en 1984 la barre symbolique des 500 milles en 24 heures, il a remporté de nombreuses compétitions. Sa transformation en Energy Observer, parrainée notamment par AccorHotels et Thélem Assurances, a mobilisé une cinquantaine de personnes depuis 2015.
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