Jairo Ortiz a été mortellement blessé après avoir été atteint d'une balle en pleine poitrine, alors qu'il se trouvait sur un barrage dans la localité de Montaña Alta, dans la banlieue de la capitale vénézuélienne, a confirmé à l'AFP Miguel Mederico, directeur de la communication de la police de l'Etat de Miranda.
Henrique Capriles, ancien candidat à la présidence vénézuélienne et gouverneur de Miranda, a accusé le ministre de l'Intérieur Nestor Reverol d'être responsable de ce drame car il aurait "obligé les officiers à réprimer (les manifestations) sans tenir compte des vies humaines".
Dès jeudi soir l'opposition vénézuélienne a cependant appelé à une nouvelle manifestation ce week-end: "Samedi, il faut que le double de personnes soient dans les rues du pays (...), le peuple ne fait rien de mal, il ne fait qu'exiger ses droits", a déclaré Freddy Guevara, le vice-président du parlement, lors d'une conférence de presse.
En fin de journée, jeudi soir, des affrontements de moindre intensité persistaient entre manifestants et policiers dans l'est de la capitale, près de neuf heures après le début de la mobilisation.
En plus de cette mort, des dizaines de personnes ont été blessées: "Nous avons évacué deux personnes avec des blessures à la tête, un avec un bras cassé et une journaliste avec des problèmes pour respirer", a confié à l'AFP le député d'opposition Miguel Pizarro, présent dans la manifestation.
Le président Maduro a confirmé de son côté le chiffre de 30 interpellés: "Nous les avons identifiés, et ils vont tomber l'un après l'autre", a-t-il déclaré, en les accusant notamment d'avoir saccagé un lycée.
A la télévision, Nicolas Maduro a toutefois assuré que "le Venezuela est en paix, en train de produire, de travailler, et de petits foyers violents (...) ont été neutralisés sans avoir atteint leur objectif: remplir Caracas de violence".
'Droite fasciste vénézuélienne'
"Nous avons fait échouer une tentative de coup d'Etat de la droite internationale et de la droite fasciste vénézuélienne", a-t-il ajouté.
Les échauffourées ont débuté quand le cortège d'environ 10.000 personnes, rassemblé sur l'autoroute principale de la ville, a tenté de se diriger vers le centre de Caracas, avant d'être bloqué par une barrière installée par l'armée.
"Nous voulons virer Maduro, nous sommes lassés de cette dictature, nous n'avons pas peur", a confié à l'AFP Yoleidy Rodriguez, étudiante de 22 ans.
Dans la capitale, aux abords du Parlement, ce sont les chavistes (du nom de l'ancien président Hugo Chavez, 1999-2013) qui ont manifesté par milliers, dénonçant l'ingérence étrangère dans la crise que traverse le Venezuela.
"Nous allons affronter l'impérialisme, les groupes économiques qui veulent renverser le gouvernement révolutionnaire", a déclaré à l'AFP Vismar Cifuentes, fonctionnaire venu défiler pour défendre le président.
Très impopulaire et soumis à une importante pression internationale, le chef de l'Etat de 54 ans refuse d'organiser des élections anticipées comme l'exige l'opposition et entend rester au pouvoir jusqu'au prochain scrutin, prévu en décembre 2018.
Le pays sud-américain, qui s'est effondré économiquement avec la chute des cours du pétrole, sa principale richesse, est déchiré par une profonde crise politique depuis la victoire de l'opposition de centre droit aux législatives de fin 2015.
La situation s'est enflammée ces derniers jours, quand la Cour suprême, réputée proche du président Maduro, s'est brièvement arrogée les pouvoirs du Parlement, déclenchant un tollé international qui l'a poussée à faire machine arrière 48 heures plus tard.
L'opposition, réunie dans une vaste coalition, la MUD (Table pour l'unité démocratique), crie à la tentative de coup d'Etat et veut faire pression en mobilisant la population, étranglée par la crise économique.
'Rupture'
Mercredi, l'opposition a tenté une nouvelle offensive en votant au Parlement un texte visant à destituer les juges de la Cour suprême, accusés d'avoir tenté un "coup d'Etat".
Sans surprise, celle-ci a été bloquée jeudi par l'autorité chargée d'examiner ce projet, le Pouvoir moral. Hormis l'Assemblée, le chavisme contrôle toutes les institutions au Venezuela. Et depuis janvier 2016, la Cour suprême a réussi à faire annuler toutes ses décisions.
Dans ce pays, l'un des plus violents au monde et où de vastes manifestations en 2014 avaient fait 43 morts officiellement, l'impasse politique fait craindre que la situation ne dégénère dans la rue. Le Venezuela a connu trois tentatives de coup d'Etat depuis 1992.
Dans le clan de Maduro, les premières fissures sont apparues la semaine dernière, quand Luisa Ortega, chef du parquet au niveau national et considérée comme affiliée au camp présidentiel, a osé dénoncer à voix haute une "rupture de l'ordre constitutionnel".
Lundi les chefs de la diplomatie des pays de l'Alba, l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, lancée par Hugo Chavez et Fidel Castro en 2005, se réuniront à La Havane pour soutenir M. Maduro, a annoncé jeudi soir le ministère cubain des Affaires étrangères.
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