Exit le scénario de la nationalisation, envisagé en dernier recours par le gouvernement pour éviter que Fincantieri ne s'empare de la majorité des chantiers navals de Saint-Nazaire.
"L'Etat marque son accord de principe sur le projet de reprise de STX par le groupe Fincantieri", a précisé le gouvernement français qui a toujours privilégié la solution d'une reprise du dernier grand chantier naval français par un industriel européen, à condition qu'il ne soit pas majoritaire à lui tout seul.
Fincantieri devra rester minoritaire pendant au moins huit ans et sera accompagné d'un investisseur italien indépendant, la Fundazione CR (Cassa di Risparmio) Trieste, tandis que l'Etat français, qui détient 33% du capital de STX France, conservera un droit de veto, a précisé le secrétaire d'Etat à l'Industrie Christophe Sirugue, lors d'une conférence de presse.
Dans le compromis trouvé, au terme de "trois mois d'intenses négociations", l'Etat français restera au capital à "un peu plus de 33%, (le constructeur militaire public français) DCNS pourrait entrer aux alentours de 12%, Fincantieri est inférieur à la majorité et pourrait être aux alentours de 48% et le complément sera apporté par la Fundazione CR Trieste", a détaillé M. Sirugue.
Satisfaction du côté italien
Le projet d'accord comprend en outre "une forme de clause de revoyure au bout de 12 ans, au terme de laquelle si Fincantieri ne souhaitait pas poursuivre jusqu'à 20 ans, l'Etat français serait prioritaire sur la préemption des actions détenues par Fincantieri", a-t-il ajouté.
Le ministre italien de l'Economie Pier Carlo Padoan a accueilli, tout comme Fincantieri, l'accord avec une grande "satisfaction".
"C'est un grand succès pour la construction navale italienne", a souligné le ministre dans un communiqué, en précisant que les actionnaires italiens était majoritaires au sein de STX, à 54%. STX France a salué une "bonne nouvelle".
Fincantieri est porteur, selon M. Sirugue, d'"un projet industriel ambitieux", qui vise à renforcer les chantiers sur leur coeur de métier des navires de croisière ainsi qu'à poursuivre la diversification, notamment dans les énergies marines.
Il comporte des engagements, notamment relatifs à la pérennité du site et de ses activités, ainsi qu'à l'investissement et au maintien de l'emploi, a ajouté M. Sirugue.
"Les éléments que nous avons obtenus dans la négociation en termes de droit de veto dans le temps, c'est-à-dire durant les vingt ans du pacte d'actionnaires que nous avons négocié, sont des éléments suffisamment sécurisants, sans passer par une nationalisation", a-t-il dit.
"intérêts stratégiques"
La procédure d'information-consultation du comité d'entreprise doit être lancée dans les semaines à venir, afin que Fincantieri achève la négociation du rachat de ses actions, puis le gouvernement aura à se prononcer sur l'accord définitif.
"Notre entrée au capital de STX France va permettre de préserver l'accès de DCNS aux capacités industrielles uniques en Europe des chantiers de Saint-Nazaire pour la construction de navires militaires de grande taille comme les porte-hélicoptère de type Mistral ou encore les porte-avions", a salué Hervé Guillou, patron de DCNS, estimant que cela garantissait "la préservation des intérêts stratégiques de la France tout en renforçant notre capacité d'exportation".
Le montage a été dénoncé par plusieurs candidats à la présidentielle: Jean-Luc Mélenchon a parlé de "trahison", tandis qu'Arnaud Montebourg, soutien de Benoît Hamon, dénonçait un "cadeau qui n'est pas justifié".
Sur le plan social, le compromis comporte un engagement de Fincantieri "à ne pas supprimer d'emplois dans les 5 ans qui viennent", selon M. Sirugue.
Pour Alain Lebrun, délégué CGT, il aurait fallu des "garanties bien supplémentaires en termes d'emplois. Sans emploi, il y aura des pertes de savoir-faire".
"Il y a une inquiétude sur les postes en doublon" avec Fincantieri, "un concurrent direct" de STX, évalués par FO à 500, et "cela précipite" l'entrée de partenaires chinois de Fincantieri sur le marché de la croisière, ce qui "nous fait extrêmement peur", a déclaré à l'AFP Nathalie Durand-Prinborgne du syndicat FO.
Fincantieri, constructeur naval basé à Trieste et qui emploie 19.200 personnes dans le monde, est le seul candidat à avoir déposé une offre pour reprendre les chantiers STX France de Saint-Nazaire, filiale florissante du groupe sud-coréen STX Offshore and Shipbuilding en difficulté.
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