Dans ce vaste désert de 105.000 km2, les températures peuvent varier de 40 degrés entre le jour et la nuit, pour un taux d'humidité de seulement 2 à 3%, ce qui en fait le lieu le plus aride au monde.
Des conditions extrêmes qui n'ont pas empêché des micro-organismes (bactéries, cyanobactéries...) de se développer et de survivre pratiquement sans eau, sous une radiation solaire extrême et malgré la quasi-absence de nutriments.
Leur résistance intrigue les spécialistes, qui sont nombreux à venir les étudier.
Objectif: "Arriver à comprendre comment ces micro-organismes vivent, obtiennent de l'humidité et s'adaptent à ces conditions", explique à l'AFP la biologiste Cristina Dorador, de l'Université du Chili, en cassant de petits fragments de sel qu'elle vient de prélever, sous un soleil de plomb et un vent impitoyable.
Les scientifiques estiment que si la vie peut exister sur Terre dans de telles conditions, alors c'est peut-être aussi le cas sur la planète rouge. Et de manière "probablement très similaire" à celle d'Atacama, indique Mme Dorador.
Dans un laboratoire mobile, elle analyse les échantillons qu'elle a collectés dans le désert chilien.
'Un bon endroit pour s'entraîner'
Mars, l'une des planètes du système solaire les plus proches de la Terre, est aussi celle qui concentre depuis des décennies l'attention des scientifiques. Un robot de la Nasa, le rover Curiosity, y cherche depuis quatre ans des traces de vie.
Les images de la superficie de la planète qu'il envoie à la Terre sont très ressemblantes à celles du désert d'Atacama: d'immenses surfaces planes parsemées de formations rocheuses aux tons gris.
Un autre robot de la Nasa est lui à l'oeuvre depuis 2016 au Chili: Krex-2 y a réalisé en février sa deuxième saison de tests dans les environs de Yungay, perforant le sol désertique.
Dans le cadre de ce projet de l'agence spatiale américaine prévu pour durer jusqu'à début 2019, 35 chercheurs du Chili, de France, des Etats-Unis et d'Espagne mènent des tests grandeur nature en plein désert d'Atacama.
"Des conditions d'extrême sécheresse ont perduré dans le désert d'Atacama pendant au moins 10 à 15 millions d'années, peut-être même beaucoup plus. Si l'on ajoute à cela les radiations d'ultra-violets du soleil, intenses et sur une longue période, cela veut dire que le peu de vie existant à Atacama est sous la forme de microbes vivant sous ou dans les roches", expliquait récemment la Nasa dans un communiqué.
"De la même manière, si la vie existe ou a existé un jour sur Mars, la sécheresse de la superficie de la planète et l'exposition à une intense radiation l'ont probablement enfouie sous terre, donc Atacama est un bon endroit pour s'entraîner à chercher de la vie sur Mars", ajoutait-elle.
Des missions habitées ?
Si la planète rouge intéresse autant les scientifiques, c'est aussi parce qu'"étudier Mars, c'est peut-être comprendre comment la vie est née sur Terre", explique l'astronome français Christian Nitschelm, professeur à l'université chilienne d'Antofagasta.
A la différence de notre planète, Mars semble figée dans le temps, bloquée à une autre époque du système solaire. Ce qui signifie que d'éventuelles découvertes de signes de vie fossile sur Mars pourraient donner des indices sur l'origine de la Terre.
Récemment, on y a détecté des traces d'eau et de faibles émissions de gaz méthane, autant d'indices et d'espoirs d'une possible forme de vie, même si cette dernière n'a pas encore été décelée formellement.
Le professeur Nitschelm est catégorique: "S'il n'y a pas de vie sur Mars, c'est sûr qu'il n'y en a pas ailleurs" dans le système solaire, où toutes les autres planètes ont des conditions de températures ou de radiations solaires bien pires.
Depuis l'envoi en 1960 d'une première sonde par l'Union soviétique, de nombreuses expéditions ont été organisées vers la planète rouge, jusqu'alors sans succès en ce qui concerne la recherche de preuves irréfutables de vie.
Mais cela n'entame pas l'intérêt pour Mars: la Nasa a annoncé pour 2018 l'envoi d'un nouveau robot, InSight, et en 2020 une mission russo-européenne prévoit d'y faire voyager le sien, pour perforer le sol de cette planète.
Le président américain Donald Trump a lui signé le 21 mars une loi définissant l'objectif central de la Nasa sur les décennies à venir: les missions habitées vers l'espace lointain, notamment "vers Mars au cours de la décennie 2030".
Les experts sont cependant unanimes: pour atteindre la planète rouge, qui se trouve à une distance de 225 millions de kilomètres de la Terre, et y vivre, il faudrait une véritable prouesse technique... et un budget colossal.
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