La nomination au sein du "NSC" de cet ancien patron du site d'extrême droite Breitbart News avait provoqué une vive polémique aux Etats-Unis, des élus des deux bords dénonçant la "politisation" d'un organe discret mais particulièrement stratégique à la Maison Blanche, chargé de conseiller le président en matière de sécurité et de politique étrangère.
Tentant de présenter cette décision comme un aboutissement logique, l'influent conseiller, contempteur virulent de "l'establishment" et des élites, a essayé de faire diversion en taclant l'administration de Barack Obama.
"Susan Rice (ex-responsable de cet entité) avait instrumentalisé le NSC (...) et j'ai donc été placé au NSC pour nous assurer qu'il soit +désinstrumentalisé+", a-t-il asséné dans un communiqué.
Mission désormais accomplie, a poursuivi Steve Bannon pour justifier son départ, tandis que des responsables anonymes de la Maison Blanche s'empressaient de faire passer un même message aux médias: aucune perte d'influence pour celui qui garde son poste de conseiller stratégique.
Mais beaucoup, à Washington, avaient une autre lecture, et saluaient son départ.
"Manquant d'une solide expérience sur les questions de sécurité nationale et colportant depuis longtemps des théories du complot racistes et incendiaires, Bannon n'aurait jamais dû être nommé", a asséné Adam Schiff, élu démocrate à la Chambre des représentants.
Du côté des républicains aussi des voix s'élevaient pour se réjouir, le sénateur John McCain saluant "une bonne décision".
Nommé directeur général de la campagne de Donald Trump en août 2016, Steve Bannon, 63 ans, a nettement orienté le message du candidat républicain. Et après la victoire de Donald Trump en novembre, sa nomination comme haut conseiller à la Maison Blanche avait été décriée par les associations antiracistes et des démocrates.
Cheveux gris et un certain embonpoint, cet homme de l'ombre cultivé, ancien banquier d'affaires et producteur de cinéma, se fait rarement entendre depuis son arrivée à la Maison Blanche. Mais quand il parle, il ne retient pas ses coups, qualifiant les médias de "parti d'opposition" et promettant de secouer Washington et ses "élites". "Chaque jour sera un combat", affirmait-il en février.
- Batailles d'influence -
Derrière le style tapageur de Donald Trump, cette figure discrète a pris une grande envergure, alimentant les fantasmes de certains qui voient en lui un "président Bannon", véritable maître du Bureau ovale et promoteur de certaines de ses initiatives les plus controversées, comme le décret anti-immigration.
S'il devrait conserver une grande influence - il travaille cette semaine à une nouvelle réforme de la santé selon les médias - sa destitution du NSC témoigne de rapports de force fluctuants en coulisse d'une administration Trump qui a subi plusieurs revers sonnants en moins de 100 jours de présidence.
Son départ du NSC marque une victoire pour le général H.R. McMaster, toujours en exercice, qui avait pris le 20 février la succession de Michael Flynn, forcé à la démission pour avoir menti sur des contacts répétés avec l'ambassadeur russe à Washington.
Vétéran d'Irak et d'Afghanistan, le général McMaster, 54 ans, a sa propre idée de la manière de faire les choses et la participation de Bannon (au NSC) n'est plus jugée nécessaire, a expliqué mercredi un responsable de la Maison Blanche.
Son départ s'accompagne aussi d'un retour vers une structure plus traditionnelle du Conseil de sécurité nationale, avec la réadmission officielle des directeur du renseignement (DNI), directeur de la CIA, et du plus haut gradé américain, le général Joe Dunford, écartés lorsque Steve Bannon était entré.
Simple hasard ou signe des temps ?
Steve Bannon n'était pas dans les jardins de la Maison Blanche mercredi pour assister à la conférence de presse de Donald Trump et du roi de Jordanie.
Jared Kushner, gendre discret et homme de confiance de Donald Trump qui semble gagner chaque jour en influence, était, lui, au premier rang. Main dans la main avec son épouse, Ivanka Trump.
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