François Patriat est l'un des participants de la première heure de l'aventure. Dans son téléphone portable, une photo de la cathédrale d'Amiens où il a déposé un cierge le 6 avril 2016, jour du lancement du mouvement qui pourrait propulser Emmanuel Macron au pouvoir.
"J'y suis allé car je savais que ce serait un moment politique historique", s'enflamme le sénateur (PS) de Côte-d'Or, avec l'enthousiasme d'une "groupie" qui s'"assume".
M. Patriat rembobine volontiers le fil de l'histoire : la réunion des réformateurs du PS à Pessac-Léognan fin août 2015 où "Emmanuel a fait un tabac"; "l'idée du mouvement qui germe à l'automne 2015" entre M. Macron et quelques parlementaires (François Patriat, Richard Ferrand, Arnaud Leroy, Corinne Erhel, Christophe Castaner et Stéphane Travert), "jusqu'à ce qu'Emmanuel dise autour de Noël: +Ok, on lance quelque chose+"; puis la recherche de la bonne fenêtre de tir, au printemps, en pleines manifestations contre la loi travail dont M. Macron est un inspirateur.
"Emmanuel pensait à une ville emblématique de la gauche, industrielle, comme Le Creusot, avant de choisir lui-même Amiens, sa ville natale", explique encore M. Patriat, admiratif des "intuitions" gagnantes de son cadet, rapidement conscient qu'il aurait un coup à jouer lors de l'élection présidentielle.
"La force de Macron c'est qu'il a compris beaucoup plus tôt que Manuel Valls que François Hollande ne serait pas en situation de se représenter", confirme un conseiller de l'ombre.
En dessinant son propre mouvement siglé de ses propres initiales (EM), M. Macron a suscité selon les sensibilités scepticisme, moquerie et intérêt.
"Macron a eu le courage de monter son truc quand personne n'y croyait. Il lui a fallu rompre tout le temps. C'est exceptionnel", vantait cette semaine un membre du gouvernement, tout proche d'apporter son soutien à l'ancien ministre de l'Economie.
"Hypercroissance"
A l'automne, d'autres se montraient bien plus dubitatifs.
Macron c'est "le renouvellement, le fait qu'il n'est pas dans un parti traditionnel. Mais on voit bien que ça ne suffit pas (...) Si l'idée c'est de dire que c'est une offre de plus, ce n'est pas de nature à faire gagner", estimait en petit comité François Hollande.
"Pour moi, Macron c'est anecdotique, du pur opportunisme. C'est un créateur de start-up hors pair, mais le problème en France, c'est que les start-up ne grossissent pas", persiflait un ministre.
Pourtant, En Marche ! n'a cessé de prendre de l'ampleur. Initialement installée "sans un rond, dans un boui-boui rue des Plantes, un local avec une seule personne" dixit Richard Ferrand, la structure s'est étoffée avec le départ de M. Macron de Bercy le 30 août, qui a drainé plusieurs proches.
Désormais, En Marche ! revendique 80 salariés et voit défiler environ "150 bénévoles" dans ses vastes bureaux du XVe arrondissement de Paris, selon Sylvain Fort, le directeur de la communication du candidat.
Revers de cette "hypercroissance", selon le terme employé par la députée Corinne Erhel, la difficulté parfois "de savoir qui fait quoi, quels sont les interlocuteurs", souligne un soutien centriste.
"C'est monstrueux ce qui a été accompli en quelques mois. Mais il manque d'un patron qui fait tourner la boutique, ça reste très spontané", avance un rallié de droite.
"Quand tu passes de 12 à 80 salariés en 6 mois, ton organigramme explose toutes les semaines", plaide M. Fort, en mettant plutôt en avant l'organisation "par pôles, horizontale, peu hiérarchique".
"Le climat de campagne créé beaucoup de cohésion et cet esprit de start-up va durer au-delà des élections", prophétise-t-il, en assurant que "tout est disposé pour que la structure soit pérenne".
Pour cela, il faudra impérativement réussir les élections législatives, alors que certains au PS prédisent à l'inverse un affaissement rapide en cas d'échec à la présidentielle.
Briller dans les 577 circonscriptions conditionne les subventions publiques. Or, En Marche ! fonctionne pour l'instant avec les dons et le prêt de 8 millions d'euros contracté par M. Macron, 39 ans, un autre pari d'avenir.
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