Les montagnes monténégrines abriteraient 50 à 100 ours bruns, selon les écologistes. L'association nationale des chasseurs évoque le chiffre précis de 357.
Début mars, Ilinka Bigovic, 61 ans, est chez elle, dans le village de Brestica, sous le mont Pusti Lisac, à 80 kilomètres de Podgorica, près de la frontière bosnienne. "J'entendais des cris. Qui persistaient, nuit et jour, pendant deux ou trois jours", se souvient la sexagénaire.
Avec son frère, elle explore les alentours jusqu'à tomber sur les deux oursons, "séparés, au bord de la mort, faibles", raconte-t-elle à l'AFP. "Nous les avons ramenés à la maison, les avons mis au chaud près du poêle, leur avons donné du lait et du miel".
La sexagénaire, qui élève ses chèvres, est habituée à la fréquentation des animaux: un loup a récemment égorgé son bélier, elle voit régulièrement des ours. Prendre en charge deux oursons ne l'effraie pas.
L'histoire se répand comme une traînée de poudre parmi les 620.000 habitants de ce pays des Balkans. Beaucoup viennent se faire photographier avec les animaux dans les bras.
Chacun s'émeut mais Miljan Milickovic s'étrangle. Ce passionné d'animaux sait que les oursons sont en train d'être irrémédiablement domestiqués. Avec comme seules perspectives si rien n'est fait, le zoo ou le cirque.
Cet ingénieur de 31 ans convainc Ilinka Bigovic de le laisser les emporter. Il les baptise Masha et Brundo, les installe dans sa propriété, dans des conditions aussi proches que possibles de la vie sauvage, au milieu d'un cerf, d'un émeu, d'un sanglier et d'un lama.
La situation ne peut qu'être provisoire: Masha et Brundo s'approchent sans peur des hommes et des autres animaux, en quête de câlins, de jeu, ou de nourriture.
"Le mal est déjà fait pour ces oursons", dit Miljan Milickovic. "En voulant leur sauver leur vie, les hommes ont (...) compliqué leur retour à la vie sauvage", renchérit Jovana Janjusevic, du Centre pour la protection ornithologiques qui s'occupe aussi de protection des grands animaux. "Au-delà de deux mois passés en compagnie de l'homme, ils ne peuvent être rendus à la nature."
Pour cela, il faut les confier à des structures spécialisées. Il n'y en a pas au Monténégro. La solution est peut-être en Roumanie ou en Grèce. Les militants sont engagés dans une course contre la montre, pour obtenir les autorisations nécessaires.
Masha et Brundo passeraient entre un an et 18 mois dans un tel centre avant d'être rendus à leurs montagnes.
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