Le rassemblement doit démarrer à 9H00 (14H00 à Paris) dans cette ville symbole de la "fracture" guyanaise, où l'Etat, via le centre spatial, investit d'importantes sommes pour ce projet industriel, quand très peu d'infrastructures "sont faites en Guyane pour la population", a expliqué Youri Antoinette, un membre du collectif organisateur.
Le sit-in vise à "signifier" au Premier ministre que "ce qu'il dit ne correspond pas à la réalité du terrain" et que "nous sommes toujours mobilisés pour obtenir gain de cause", a poursuivi ce porte-parole du collectif à Kourou, interrogé par l'AFP.
Lundi, Bernard Cazeneuve a appelé à "poursuivre le dialogue" en Guyane, à l'issue d'une réunion rassemblant une bonne partie du gouvernement sur la situation dans cette collectivité. Mais il a déclaré "refuser la démagogie" de ceux qui, à Paris comme à Cayenne, "réclament des milliards".
"Je ne m'engagerai que sur ce que je sais pouvoir tenir", a expliqué le Premier ministre, avec à ses côtés 12 membres du gouvernement, dont la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, et le ministre de l'Intérieur, Matthias Fekl, de retour de Guyane.
Le Premier ministre s'exprimait au lendemain de l'ultimatum des responsables du mouvement, qui avaient exigé dimanche 2,5 milliards d'euros "tout de suite". Il a détaillé le plan de plus d'un milliard d'euros proposé par le gouvernement, dont les engagements doivent être "actés" mercredi en Conseil des ministres.
Sur le barrage de Kourou empêchant l'accès au Centre spatial guyanais, où le sit-in est prévu, une grande banderole était brandie lundi soir : "2 milliards 5 à justifier ? La France exploite toutes nos richesses et ne nous laisse que des miettes". Vers 22H00, des dizaines de personnes occupaient encore le barrage, où un concert se tenait.
Le collectif "Pou La Gwiyann dékolé" (Pour que la Guyane décolle), qui regroupe l'ensemble des mouvements protestataires, a annoncé dimanche un durcissement de la mobilisation, expliquant rentrer "dans un rapport de force avec l'Etat".
Il a notamment demandé aux magasins de rester fermés lundi dans le cadre d'une "opération ville-morte", a expliqué l'une de ses communicantes, mais en laissant la possibilité aux propriétaires de ne pas le faire.
A Cayenne, le mouvement des "500 frères contre la délinquance" a toutefois ordonné aux magasins de baisser leurs rideaux, des membres du groupe, en pointe dans le mouvement social, circulant pour s'assurer de la bonne exécution de la consigne, a constaté l'AFP.
'Il faut fermer'
Ericka Bareigts, peu avant de quitter la Guyane dimanche soir, avait exhorté les représentants du collectif à rapidement "graver dans le marbre le travail" engrangé "ensemble" après la présentation d'un document en cinq points.
Ce plan "répond aux préoccupations prioritaires exprimées" par le collectif, "notamment en ce qui concerne l'éducation, la sécurité, la santé ou la commande publique", selon un communiqué de la ministre.
Des accords sectoriels ont également été conclus notamment sur "l'économie", "l'agriculture", "le BTP", "les activités minières" ou encore "les communautés amérindiennes et bushinengue", d'après ce texte.
"C'est pas mal, mais ce n'est pas encore assez", avait commenté Mickaël Mansé, autre porte-parole des "500 frères". Et d'affirmer que la fusée Ariane 5 "restera au sol tant que la Guyane ne décollera pas".
Air France après avoir annulé lundi son vol direct de Paris pour la Guyane a de nouveau annulé le vol prévu mardi, a annoncé lundi soir la compagnie. En revanche, le vol Paris-Orly/Guyane prévu mercredi est maintenu.
Le mouvement social d'ampleur inédite que connaît ce vaste territoire d'Amérique du sud (83.000 km2), situé à 7.000 km de Paris, est basé sur des revendications sécuritaires, économiques et sociales, ainsi que sur la méfiance face à l'Etat, accusé de sous-investissement depuis des décennies. "Pou La Gwiyann dékolé" avait aussi demandé samedi "un statut particulier pour la Guyane".
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