La résolution 2334, adoptée en décembre grâce à l'abstention des Etats-Unis, n'a pas contribué à mettre fin à la construction dans les colonies.
De nouveaux projets ont été annoncés par des responsables israéliens dans les semaines qui ont suivi. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a même été plus loin en annonçant jeudi la création d'une nouvelle colonie en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par l'armée israélienne. Une décision qu'aucun gouvernement n'avait osé prendre depuis 1991.
Le texte de l'ONU est également dans le collimateur de la nouvelle administration américaine de Donald Trump qui y voit la preuve qu'Israël serait injustement visé par l'ONU.
Pour certains diplomates, comme le formule l'un d'eux, cette résolution a été "une tempête dans un verre d'eau".
'Trop tard'
Le texte a été adopté dans les derniers jours de la présidence de Barack Obama qui avait accepté de ne pas utiliser son droit de veto au Conseil de sécurité, donnant le feu vert à la première résolution du Conseil condamnant les colonies depuis 1979. M. Trump, lui, avait plaidé pour opposer ce veto.
L'Etat hébreu a annoncé depuis janvier des plans pour la construction de plus de 6.000 logements en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la Ville sainte, annexée par Israël.
Alors que les avertissements se multiplient sur le fait que l'expansion des colonies érode les espoirs de créer un Etat palestinien, l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a estimé que "les jours où l'on malmenait Israël sont terminés".
Pour la communauté internationale, les colonies, illégales, sont le principal obstacle à la paix car elles sont construites sur les terres même où les Palestiniens envisagent d'établir leur Etat.
Après avoir accordé un soutien public à Israël, Donald Trump a appelé le gouvernement Netanyahu à la "retenue sur les colonies" pour permettre aux Etats-Unis de tenter de relancer les négociations de paix au point mort.
Depuis, ce gouvernement, considéré comme le plus à droite de l'histoire d'Israël, négocie avec la Maison Blanche des arrangements qui permettraient de poursuivre les constructions dans les colonies sans se mettre à dos l'administration Trump.
Robert Serry, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix jusqu'en 2014, a estimé que la résolution arrivait "trop tard", à la fin du mandat d'Obama. Si son administration ne lui avait pas opposé un veto en 2012, elle aurait permis alors de faire pression sur Israël, a-t-il ajouté à l'AFP.
'Marquer le coup'
Alan Baker, ancien diplomate israélien de haut rang, estime que les actions menées par Israël ôtent sa pertinence à la résolution. "Obama était en fin de course et s'est dit qu'il pouvait se lâcher. Maintenant, ce sont ceux qui critiquent Israël qui doivent se retenir", affirme-t-il.
Le 24 mars, l'actuel envoyé de l'ONU au Moyen-Orient Nickolay Mladenov a accusé Israël de n'avoir pris "aucune mesure" pour se conformer à la résolution.
Mais l'annonce par Donald Trump de sa volonté de réduire la contribution américaine aux Nations unies limite la marge de manoeuvre du secrétaire général de l'ONU Antonio Gutteres, estime M. Serry. "Cette situation peut porter atteinte au fonctionnement même des Nations unies", prévient-il.
Le vote de la résolution, même non appliquée, est malgré tout positif pour certains.
"Nous savions tous qu'elle n'aurait aucune conséquence concrète. Il s'agissait avant tout de marquer le coup", estime un diplomate européen.
"Désormais, nous n'avons plus à nous référer à des résolutions des années 1980 mais à quelque chose datant de 2016".
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