L'idée est de "rappeler ce qui a été l'un des plus importants mouvements migratoires en France", avec plusieurs millions de personnes arrivées entre 1860 et 1960, explique Stéphane Mourlane, maître de conférence à l'université d'Aix-Marseille et commissaire scientifique de l'exposition.
Mais cette migration, "quelque peu oubliée" ou "idéalisée" aujourd'hui, "n'a pas été un long fleuve tranquille", rappelle-t-il à l'AFP, et longtemps les Italiens ont subi méfiance, mépris voire violences xénophobes.
L'exposition organisée jusqu'au 10 septembre au Musée de l'immigration s'ouvre ainsi sur les affrontements d'Aigues-Mortes (Gard), en 1893, qui firent huit morts et 50 blessés, à l'heure où cette immigration était perçue comme une "invasion".
Crise économique, montée du fascisme... au début des années 30, les Italiens sont sans doute près d'un million en France, soit 7% de la population hexagonale.
Au fil des salles, leur parcours est retracé à grand renfort de cartes, affiches, extraits de films ou objets d'époque.
Ici un journal sportif relate les exploits du cycliste Maurice Garin, vainqueur du premier Tour de France, là un film témoigne de la dureté du travail des enfants (employés comme vitriers, petits vendeurs de statuettes, "petits cireurs napolitains"...) jusque dans les années 1950.
L'intégration se fait largement par l'économie: l'acte de naturalisation de Lazare Ponticelli, entré dans l'Histoire en 2008 à sa mort à 110 ans comme "le dernier des poilus", rappelle que sa famille avait aussi été le symbole "d'une des grandes réussites entrepreneuriales au sein de l'immigration italienne en France".
Engouement pour l''italianité'
L'apport est aussi omniprésent dans la culture, et les curieux pourront se pencher sur la demande de naturalisation de la famille Livi -- le vrai nom d'Yves Montand -- où écouter un entretien où François Cavanna, l'auteur du roman "Les Ritals", raconte avec amour le travail de son père maçon, dont la truelle est exposée.
Pas d'audioguide pour cette exposition, mais des casques disséminés sur le parcours où le visiteur peut visionner un extrait des films Thérèse Raquin ou Mademoiselle, écouter la lecture d'une lettre demandant une carte d'identité, ou réentendre Serge Reggiani chanter "L'Italien".
L'exposition se place aussi à hauteur d'enfant avec son costume de clown du cirque Fratellini, sa vitrine d'objets dus aux "cousins italiens" (chaussons Repetto, chapeau Borsalino, cafetière moka...) ou son alignement de petites voitures rappelant que Simca, fondée en 1934 par Enrico Teodoro Pigozzi, fut un temps "la quatrième entreprise automobile française".
Le parcours se termine par un extrait de la "Dolce vita" (1960), le célèbre film de Federico Fellini, à l'époque où la France se prend d'engouement pour cette "italianité" perçue comme aisément assimilable.
C'est l'heure de l'immigration en provenance du Maghreb et "les Italiens ne posent plus de problème parce qu'une autre population entre en scène", explique M. Mourlane.
Car ce vaste mouvement a en quelque sorte été le prototype des flux modernes, et "l'immigration telle qu'elle est souvent vue aujourd'hui, comme un +problème+, apparaît avec ces migrants italiens".
De ce point de vue, l'exposition entre immédiatement en résonance avec le parcours souvent chaotique des migrants cherchant aujourd'hui à gagner l'Europe. Sur fond d'images d'hommes traversant une montagne enneigée, le journal télévisé de décembre 1946 revient sur le centre d'accueil un temps installé à Montmélian (Savoie) pour ces "clandestins". Son ouverture "aura été, dans une période brumeuse, le geste fraternel d'un grand pays à l'égard de ceux que la misère des temps condamne à chercher leur pain dans l'exil", estimait alors le commentateur.
A LIRE AUSSI.
Ces chefs-d'oeuvre que Napoléon avait rapportés d'Italie...
A Bordeaux, le "Bistrot!" s'expose de Baudelaire à Picasso
Le pape célèbre la Toussaint avec la minorité catholique de Suède
Le pape a célébré la Toussaint avec la minorité catholique de Suède
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.