Dès l'annonce de sa relaxe pour complicité de violences aggravées, Ayoub, figure tutélaire du nationalisme, s'est évaporé de la salle d'audience dans laquelle était déployé un important dispositif policier.
"Je suis triste que dans cette société on juge les hommes à l'aube de leur vie, à vingt ans et pour toujours", avait-il déclamé à la barre avant la clôture des débats, scrutant son discours sur sa tablette numérique. Lui qui n'a "jamais été condamné pour racisme, révisionnisme ou négationnisme" a répété qu'il n'était "aucunement mêlé" aux méfaits du WWK.
"Il n'a jamais prôné la violence", avait plaidé Me Nicolas Brazy, son avocat, après que le parquet avait requis la relaxe de son client.
Aux yeux du tribunal, les consignes qu'Ayoub auraient données aux membres du clan pour le venger des insultes d'un groupe rival en 2012 "ne peuvent être interprétées comme des instructions de commettre des violences."
"Effet de groupe"
Au bout de quatre jours d'audience, le tribunal a surtout retenu le déferlement de violences du WWK contre des personnes étrangères, des groupes rivaux ou des membres du clan réfractaires, soit 35 infractions commises entre 2012 et 2014. "Ces groupes nazis paramilitaires armés n'ont pas leur place dans notre République", avait tonné Wilfrid Gacquer, le procureur.
Déjà en détention provisoire avant le procès, Jérémy Mourain, le chef surnommé "Capone", restera en prison. Sa sanction - une peine de neuf ans - s'avère légèrement plus clémente que les réquisitions du procureur qui en avait demandé un de plus pour organisation et participation à un groupe de combat.
"Il est clairement désigné comme le responsable", a regretté son avocat Me Arnaud Godreuil, qui ne fera toutefois pas appel de cette décision. Lors de sa plaidoirie, il avait dénoncé un "effet de groupe".
Les autres membres du clan ont écopé de peines allant de six mois avec sursis à cinq ans, et une femme a été relaxée. Un seul mandat de dépôt a été prononcé, à l'encontre du co-fondateur du WWK.
Un des 18 prévenus ne s'est jamais présenté à l'audience mais a été condamné à deux mois ferme.
"Des regrets, des remords, j'en ressens", a déclaré Mourain à plusieurs reprises, sonné d'avoir pris "une belle claque dans la figure" par les autres prévenus, "une bande de frères" avec qui il faisait le salut hitlérien "pour faire les rebelles".
Dans le clan régnaient "l'obéissance démesurée", "la soumission servile" et "la violence exacerbée intérieure et extérieure", nourries d'un terreau raciste, même si les références au nazisme n'étaient qu'un "vernis idéologique", selon le gendarme chargé de l'enquête.
Créé début 2013 à Ham (Somme), le WWK est né sur les cendres de Troisième Voie, autre groupuscule qui avait à sa tête Serge Ayoub, ancien chef des skinheads d'extrême droite parisiens et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), et mentor de Mourain. Cette organisation avait été dissoute en juillet 2013 par décret du gouvernement après la mort du militant d'extrême gauche Clément Méric en juin 2013 à Paris, suite à une rixe dans laquelle étaient impliqués certains de ses membres.
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