Le mardi 24 janvier 2017, une mère âgée de 34 ans décide d'aller rejoindre un ami à Strasbourg et laisse son fils âgé de 10 ans seul dans leur appartement de Caen (Calvados). Trois jours plus tard, sa soeur, inquiète, trouve l'enfant dans un état d'insalubrité avancé et appelle les pompiers qui en avertissent la police. La maman a comparu le mardi 28 mars 2017 devant le tribunal de grande instance de Caen pour privation de soins et d'aliments compromettant la santé d'un mineur (du 24 au 27 janvier) et plus généralement pour soustraction d'un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité et l'éducation d'un enfant de 2014 à 2016.
Appartement jonché de détritus et d'excréments canins
Avant de partir la mère en avertit bien sa soeur mais lui assure que l'enfant est en garde. Au bout de trois jours, celle-ci ayant un doute décide de se présenter à l'appartement où elle trouve l'enfant seul avec ses deux chiens et son chat. Le logement est dans un état de grande saleté, jonché de détritus et de déjections canines. Dans chaque pièce il y a des déchets, le lit n'est pas accessible, recouvert de tas de vêtements sales et de restes de nourriture. Des sacs-poubelles puants débordent de matières fécales, la litière est saturée, l'enfant est sale.
"Je lui ai appris à rester seul"
La maman explique qu'elle a appris à son fils à rester seul. "Il connaît les règles de sécurité. Pas de bain car risque de noyade. Si souci, il appelle le voisin. Si incendie, les pompiers. Le micro-ondes est en panne c'est pour cela qu'il mangeait froid et pour lui faire plaisir je lui ai acheté ce qu'il aimait : salamis, beurre de cacahuète, chocolat... À mon départ l'appartement était nickel. Les chiens sont petits et vont dans la litière, pas besoin de les sortir forcément. Je l'appelais plusieurs fois par jour. Personne de ma famille ne m'a proposé de le garder."
Relation fusionnelle
L'enfant a présenté par le passé des troubles autistiques "Je me suis battue, je lui ai appris à lire." Également atteint de mucoviscidose mineure, il manque souvent l'école, sa mère le protégeant des contaminations et de la pollution. L'absentéisme est important, à 10 ans il est en CE2. Elle reconnaît avoir une relation fusionnelle avec son enfant. "Ils sont sauvages" disent les voisins. "Quand elle a une relation amoureuse, il n'y a plus que ça qui compte", dit la famille. "Vous le protégez exagérément des microbes, il a pourtant vécu quatre jours dans un bouillon de culture, pataugeant dans les crottes de chien !" constate le président.
"C'est de l'incurie !"
L'enfant, placé depuis, est représenté par un avocat "C'est de l'incurie ! Il a été livré à lui-même dans un logement insalubre ! De plus il est culpabilisé d'avoir causé des soucis à sa mère, les dommages psychologiques sont loin d'être bénins. Je demande à votre tribunal de reconnaître son statut de victime." Pour le procureur c'est une mère déstabilisante qui alterne des moments de surprotection puis qui se met à privilégier sa personne.
"J'ai fait preuve d'incohérence, mais je n'ai pas abandonné mon fils. Jamais je ne l'aurais laissé en danger.", a répété à maintes reprises la prévenue.
Le tribunal la relaxe pour les faits portant de 2014 à 2016 mais la déclare coupable pour le reste. Elle écope de 6 mois de prison avec sursis et de 24 mois de mise à l'épreuve ainsi que d'une obligation de soins. Elle devra verser 1000 euros de dommages et intérêts à son fils, qu'il touchera à sa majorité. Il pourra retourner vivre avec sa mère à condition d'un suivi éducatif renforcé.
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