Deux jours après la mise en examen de son épouse dans l'affaire de ses emplois présumés fictifs à l'Assemblée nationale et à La Revue des deux mondes, François Fillon s'est montré très offensif jeudi matin sur RTL.
"La démonstration a été faite que cette accusation (d'emploi fictif) était fausse. Il y a un nombre de témoignages considérables. Des preuves matérielles, des témoignages. Et je vous le dis dans les yeux: jamais les juges ne pourront démontrer que l'emploi de mon épouse était fictif. Jamais", a-t-il lancé.
M. Fillon a de nouveau demandé "que la justice enquête" sur les révélations du livre "Bienvenue Place Beauvau" sur lequel il s'appuie pour dénoncer l'existence d'un supposé "cabinet noir" à l'Elysée, et ce malgré la prudence affichée par plusieurs ténors LR, de Gérard Larcher à Laurent Wauquiez. Comme il l'avait fait samedi, il a jugé "très possible" d'avoir été placé sur écoutes téléphoniques à auxquelles François Hollande pourrait avoir "accès".
Excédé d'être interrogé sur ces affaires judiciaires, l'ancien Premier ministre s'en est une nouvelle fois pris à "l'ensemble du système médiatique". "Ca fait deux mois que vous alimentez cette chronique, (...) deux mois que les Français sont privés d'une campagne présidentielle". Mais "malgré deux mois de démolition intensive, ce n'est pas vous qui allez choisir le président de la République, c'est les Français".
Puis le candidat LR a décliné quelques-unes de ses propositions, notamment celles d'un "comptes aléas climatiques et économiques" en faveur des agriculteurs, proposition qu'il déclinera à la mi-journée devant le Conseil de l'agriculture à Brest, où il tient également une réunion publique en début de soirée.
'Apprenti stagiaire'
Rare moment de détente dans cette campagne tourmentée: l'ancien Premier ministre a suscité l'hilarité en narrant une vieille conversation avec Benoît XVI récemment rapportée dans la presse, lors de laquelle il avait raconté au souverain pontife que Silvio Berlusconi, lors d'une visite à Paris, avait souhaité se rendre à Pigalle.
S'agissant de ses adversaires, M. Fillon a essentiellement ciblé Emmanuel Macron, rebaptisé à plusieurs reprises "Emmanuel Hollande". Une continuité du leader d'En Marche! avec le président sortant "symbolisée encore hier par le ralliement de Manuel Valls", a-t-il dit alors que les sondages le donnent distancé derrière l'ancien ministre de l'Economie.
"La méthode qui consiste à vouloir faire plaisir à tous les électeurs, à dire un petit mot pour les uns et un petit mot pour les autres, c'est la façon la plus ancienne et la plus vieille de faire de la politique", a également dénoncé M. Fillon, ralliant la dénomination "En Marche", "slogan (du candidat centriste) Jean Lecanuet dans les années 1960".
La droite relaie largement ses attaques. Son porte-parole Luc Chatel a qualifié M. Macron d'"apprenti stagiaire" et la présidente (LR) de l'Ile-de-France Valérie Pécresse a moqué mercredi soir le lapsus sur la Guyane, qualifiée "d'île" par le candidat En Marche!.
M. Fillon va encore intensifier sa campagne. Son déplacement à Brest jeudi comprend une visite d'entreprise dont son équipe n'a fourni aucun détail à l'avance, sans doute échaudée par l'accueil houleux réservé au candidat samedi matin dans le Pays Basque. Le soir, il sera en meeting à Quimper avec François Baroin, présenté comme son éventuel futur Premier ministre.
M. Fillon tiendra ensuite meeting à Toulon vendredi, puis en Corse samedi. Il sera mercredi à Provins (Seine-et-Marne), fief du président des députés LR Christian Jacob, puis à Strasbourg le 6 et à Clermont-Ferrand le 7. Un "grand rassemblement" est prévu le 9 avril Porte de Versailles à Paris.
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