Pour établir cet état des lieux annuel, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme s'appuie sur les chiffres des ministères de l'Intérieur et de la Justice et élabore son propre baromètre sur l'état de l'opinion, réalisé cette année du 17 au 24 octobre 2016 par l'institut Ipsos.
En moyenne, les policiers et gendarmes enregistrent, chaque mois, près de 800 plaintes portant sur des infractions commises "en raison de la race, de l'origine, de l'ethnie ou de la religion". Les données du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMI) "marquent une baisse significative pour l'année 2016".
Selon les chiffres du Service central du renseignement territorial (SCRT), les "actions" et "menaces" à caractère antisémite, antimusulman et autre ont baissé de 44,69 % en 2016 (1.125 actes en 2016, contre 2.034 en 2015).
Dans le détail, les actes antimusulmans ont diminué de 57,6 % en 2016 (182 actes) par rapport à 2015, "évolution qui doit être mise en perspective avec le niveau particulièrement élevé d'actes recensés en 2015" à la suite des attentats de janvier et novembre; et les actes antisémites ont reculé de 58,5 % en 2016 (335 actes contre 808 en 2015), une baisse "notamment due aux dispositifs de protection mis en place par les pouvoirs publics dans le cadre du plan Vigipirate".
Cependant, "en matière de chiffres, on ne mesure que l'écume des choses", remarque la présidente de la CNCDH, Christine Lazerges, interrogée par l'AFP. "On estime que seuls 6% des injures racistes seraient signalés aux autorités et 3% seulement seraient enregistrés au titre de plaintes. Pour les menaces racistes, un tiers des faits seraient signalés et 19% seulement seraient enregistrés au titre de plaintes", indique le rapport.
Les Roms les plus rejetés
Depuis 2014, la tolérance, évaluée via un "indice longitudinal de tolérance" étudié par une équipe de chercheurs, est en hausse.
"Les juifs, les noirs et les asiatiques restent les minorités les mieux acceptées, les musulmans les moins acceptés, à l'exception des Roms et des gens du voyage, de très loin les plus rejetés", compare la CNCDH.
Plus d'un sondé sur deux (54%) pense que les Roms ne veulent pas s'intégrer, toutefois ils étaient 77% à partager cette opinion en décembre 2014. Selon l'institution, "on commence, depuis quelques années, à parler moins des Roms mais à en parler mieux" et l'action des associations qui les défendent "commence manifestement à porter ses fruits".
"Les préjugés et attitudes racistes sont toutefois loin d'avoir disparu (près d'une personne interrogée sur deux est ainsi prête à admettre une part de racisme en elle-même)", indique l'institution de promotion et de protection des droits de l'Homme, qui regroupe 64 personnalités et représentants d'organisations issues de la société civile.
Parmi ses recommandations, la Commission insiste sur la nécessité de comptabiliser les contrôles d'identité et de développer les enquêtes de victimation -les faits de délinquance dont une personne se dit victime- "pour savoir vraiment ce qu'il se passe" et de former et d'éduquer les enfants "dès la maternelle", explique Christine Lazerges.
"Il faut aussi lutter contre toute concurrence victimaire: il faut que les pouvoirs publics condamnent de la même façon l'antisémitisme, l'islamophobie, le sexisme, l'homophobie", ajoute-t-elle.
La présidente de la CNCDH souligne aussi que certaines personnes cumulent les discriminations et que l'approche pénale devrait prendre en compte cette dimension pluridimensionnelle.
La CNCDH a envoyé un questionnaire aux candidats à la présidentielle pour qu'ils se positionnent sur des questions touchant aux droits de l'Homme, comme la lutte contre la pauvreté, le droit d'asile ou encore la laïcité.
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