Venus directement de Paris, les deux représentants du gouvernement sont arrivés en avion gouvernemental après 17H00 locales (22H00 à Paris), avant d'être héliportés vers Cayenne puis de rejoindre en voiture la préfecture vers 17h55 locales.
Mercredi matin, les commerces étaient ouverts, les stations-service n'étaient plus prises d'assaut, des crèches accueillaient les enfants et le service d'éboueurs fonctionnait, a constaté l'AFP. Au 10ème jour de grève, les établissements scolaires étaient toujours fermés.
Les ministres Fekl et Bareigts sont arrivés alors que certains Guyanais tenant les barrages doutent de la capacité du gouvernement à résoudre la situation "à la veille des élections".
Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Bernard Cazeneuve avait salué depuis Matignon "l'esprit de responsabilité" des Guyanais, au lendemain de marches "dans le calme et la dignité".
"Dès leur arrivée, ils engageront tous les contacts utiles", a expliqué M. Cazeneuve, assurant que le gouvernement était "à l'écoute des préoccupations" des Guyanais.
Selon le site du quotidien Les Echos, les ministres "seraient en mesure de poser sur la table des négociations un pacte de développement de la Guyane de 4 milliards sur un peu moins de 10 ans". Des informations que Matignon a aussitôt démenties.
Les ministres ne sont partis avec "aucune enveloppe prédéterminée. On ne travaille pas comme ça. On travaille avec les acteurs à des mesures utiles pour la Guyane, pas sur des chiffres fantaisistes et inventés", selon Matignon.
Le rapport de force s'est précisé mardi, avec "la plus grosse manifestation jamais organisée" dans ce département.
Les "500 frères" à la table des négociations
La signature d'"un pacte d'avenir ambitieux", concrétisant les avancées, "pourrait intervenir dans les meilleurs délais", avait estimé mardi soir M. Cazeneuve, appelant "chacun" à "s'associer" aux discussions.
Les "500 frères contre la délinquance", collectif en pointe dans le mouvement, sera à la table des négociations, a annoncé mercredi l'un de ses représentants.
A Cayenne, dans la foule rassemblée mardi sur l'avenue du Général de Gaulle, étaient visibles beaucoup de drapeaux guyanais et des banderoles reprenant le slogan "nou bon ké sa" - "ça suffit" en créole - qui a fleuri sur les nombreux barrages installés dans les villes du territoire.
"Nous voulons que l'Etat nous donne les moyens. Ca fait trop longtemps que ça dure, l'Etat doit reconnaître la population guyanaise", selon une manifestante.
Le succès des manifestations a relevé du plébiscite pour l'Union des travailleurs guyanais (UTG), dont les 37 syndicats membres avaient voté à la quasi-unanimité en faveur d'une grève générale illimitée.
Le collectif des protestataires "Pou La Gwiyann dékolé" ("pour que la Guyane décolle"), qui regroupe aussi bien des collectifs contre la délinquance et pour l'amélioration de l'offre de soins, que l'UTG ou les avocats guyanais s'en est trouvé renforcé. Il avait refusé de rencontrer la délégation interministérielle arrivée samedi, préférant attendre des discussions au niveau ministériel.
La mission de hauts-fonctionnaires a déjà obtenu, selon le préfet Jean-François Cordet qui la pilote, de "premiers résultats", tels que "la fidélisation d'un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne".
Dans ce vaste territoire ultramarin d'Amérique du Sud (83.000 km2), la Guyane (250.000 habitants), il y a "un vrai stress sur l'insécurité. Viennent ensuite la santé et l'éducation", a estimé Michel Yahiel, ancien "conseiller social" de François Hollande et membre de la délégation présente en Guyane.
Ericka Bareigts et la ministre de la Santé Marisol Touraine ont annoncé mercredi une aide de fonctionnement exceptionnelle de 20 millions d'euros au Centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, "pour qu'il puisse reconstituer sa trésorerie et régler ses dettes courantes sans tarder".
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