"C'est nous qui partons. Cela devrait se faire selon nos conditions", déclare à l'AFP Tom Curras, mineur à la retraite. "On devrait leur dire, +on part, on va faire du commerce avec le monde -- c'est à prendre ou à laisser", ajoute celui qui a travaillé dans la mine locale avant qu'elle ne ferme dans les années 1980.
Mme May a envoyé sa lettre de rupture au président du Conseil européen Donald Tusk, expliquant vouloir nouer un nouveau partenariat "étroit et spécial" avec Bruxelles. Mais les discussions pourraient achopper entre autres sur la facture de sortie réclamée par l'UE, évaluée à environ 60 milliards d'euros, et sur l'accès au marché européen que les 27 sont prêts à accorder à Londres.
Sunderland, cité industrielle de près de 275.000 habitants a voté à 61% pour le Brexit lors du référendum du 23 juin, quand l'ensemble du pays s'est prononcé en sa faveur à 52%. Neuf mois plus tard, le désir de voir le divorce se concrétiser reste fort.
"Je ne pense pas que nous devrions être dominés par d'autres pays, ce qui était le cas", dit Tom Curras, attablé au pub du Wheatsheaf Hotel, un hôtel du centre-ville.
"L'UE a été créée comme une alliance commerciale mais c'est devenue une alliance politique avec des gens qui nous dominaient", ajoute-t-il en regardant à la télévision son pays tourner une page d'histoire.
'Traîtres'
Face à une poignée d'europhiles brandissant des drapeaux européens pour marquer leur désaccord, son voisin de bar Colin Haworth, s'énerve, attablé devant sa bière.
"Pourquoi y a-t-il des gens dans le centre-ville de Sunderland aujourd'hui, agitant des drapeaux européens, le jour où notre Première ministre nous a sorti de cet accord européen? Ce sont des traîtres", lance-t-il.
"On a gagné... et on est sorti. C'est aussi simple que ça", assène-t-il, avant d'inviter les mécontents à "déguerpir en Europe".
Mais dans la ville où le géant japonais de l'automobile Nissan a installé la plus grosse usine automobile du pays, le Brexit suscite aussi des inquiétudes.
"Nissan est une grosse compagnie japonaise alors où va-t-elle aller... Je n'en sais trop rien, espérons que tout reste pareil", dit Wayne Teller, un quadragénaire au crâne rasé.
Dehors, le petit groupe de manifestants crie: "Les Européens sont les bienvenus ici".
"Ce Brexit, cela revient à nous replier sur nous-mêmes et nous défendre contre je ne sais pas quoi", dit à l'AFP l'un d'entre eux, David Hardman, 49 ans. "C'est penser qu'on peut faire mieux, alors qu'on pouvait déjà commercer avec le reste du monde, on pouvait déjà faire tout ce dont les Brexiters parlent".
"Faire partie de l'Union européenne signifiait que nous avions un marché avec lequel nous commercions avec succès et on va perdre une grande partie de ça", souligne-t-il.
Paul Austin, barbe blanche et tee-shirt bleu aux couleurs du drapeau européen, veut croire que "les gens vont finir par réaliser que l'UE nous a apporté d'immenses avantages en terme de droits du travail, de protection de l'environnement par exemple et puis juste le simple fait de travailler ensemble. Cela a amené la paix en Europe après deux terribles guerres mondiales".
A LIRE AUSSI.
A Flins, l'usine historique de Renault passe à l'heure japonaise
Au salon de Genève, un secteur automobile raisonnablement optimiste
Le Brexit, quelle bonne blague!
Brexit: Londes menace de "changer de modèle" faute d'accès au marché unique
Face aux critiques de Trump, les Européens appelés à l'"unité"
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.