"Prédateur narcissique" revendiquant sa "toute-puissance", ou "homme coupé en deux, hanté par sa solitude"? L'accusé de 38 ans au passé familial trouble n'aura livré que peu d'explications sur ses motivations et son état d'esprit durant les deux semaines de débats, même s'il a avoué pour la première fois les quatre assassinats commis dans l'Essonne entre novembre 2011 et avril 2012, assuré les "regretter" et demandé "pardon à tout le monde".
L'avocat général a demandé la confirmation de la peine prononcée en première instance par la cour d'assises d'Evry, soit la peine maximale encourue. Comme en première instance, une rétention de sûreté a également été requise par le ministère public en raison de "l'extrême dangerosité" de l'accusé, un fait rare permettant le maintien en détention une fois la peine purgée.
"Pendant ce procès, vous avez plongé dans l'horreur à un niveau rare", dit aux jurés l'avocat général Yves Jannier en ouverture de son réquisitoire, avant de décrire Yoni Palmier comme un "prédateur appliqué" qui ne visait qu'à "tuer pour tuer", et qui a témoigné "d'une absence de compassion envers les victimes dans ses explications".
"D'abord, c'était la traque pour trouver la bonne victime, puis c'était l'affût, pour attendre le passage de la victime. Et enfin, c'était l'approche, par derrière, pour tuer à coup sûr d'un coup de feu dans la tête, et si possible dans l'arrière de la tête", lance-t-il.
Sur le banc, Yoni Palmier reste la majeure partie du temps penché en avant, presque caché du reste de l'audience, la tête écrasée dans son bras droit, ne la relevant que très rarement pour fixer brièvement un témoin, un avocat, ou l'avocat général.
Et lorsque la présidente lui demande ce qu'il a à ajouter, il répond de manière presque inaudible: "Non, si ce n'est que je demande pardon à tout le monde."
'Hanté par sa propre solitude'
Ses victimes: une femme de 35 ans tuée d'au moins sept balles à Juvisy-sur-Orge, un homme de 52 ans abattu d'une balle dans la nuque au même endroit, un ancien employé de banque âgé de 81 ans à Ris-Orangis, et une femme de 48 ans à Grigny.
Toutes ont été tuées par balles, en particulier par un tir dans la tête, avec la même arme. Et à chaque fois, la même "grosse moto sportive bleue et blanche" aperçue dans les heures précédant les crimes, retrouvée dans un box loué à son nom, et qui lui a valu par la presse le surnom de "tueur à la moto".
Mais il s'agit du seul point commun: les victimes n'avaient aucun lien entre elles. Yoni Palmier l'a confirmé au début du procès, il ne "les a pas choisies".
Sa seule explication? Un "ras-le-bol" dû à "une succession d'agressions sur moi", sans plus de détails.
"Qui est Yoni Palmier? interroge l'avocat général. On ne le sait pas vraiment."
"Enfant-roi" d'une mère qui l'a mis au monde à 45 ans et qu'il tentera de poignarder en 2004, "sans emploi stable" de toute sa vie, "sans amis", sa "seule tentative d'éducation" étant de prendre des cours de physique "en vue de construire un lance-flammes": le portrait dépeint par le ministère public est glaçant.
Tout au long de ce parcours, Palmier "se construit peu à peu un personnage de toute-puissance, jusqu'à atteindre la toute-puissance ultime, celle de donner la mort", lance l'avocat général.
"C'est un homme hanté par sa propre solitude, par ses propres démons, conscient de la gravité de ses actes", réplique Julien Fresnault, avocat de l'accusé.
Avant de concéder: "Ma frustration, c'est qu'il n'ait pas pu en dire plus lors de cette audience."
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