Où en est le régime des retraites?
Pour la première fois depuis douze ans, la branche retraite du régime général de la Sécurité sociale, qui couvre les salariés du privé, est dans le vert.
Pour le futur, le Conseil d'orientation des retraites (COR) prévoit une réduction du déficit du système (tous régimes et Fonds de solidarité vieillesse inclus) à -0,2% du PIB à l'horizon 2020 (soit -4 milliards d'euros environ). A partir du milieu des années 2020, il deviendrait même excédentaire.
Cependant, cet équilibre est extrêmement dépendant de la croissance et en cas d'activité faible, "les régimes resteraient de manière persistante en besoin de financement".
Faut-il reculer l'âge de la retraite ?
Aujourd'hui un salarié du privé peut partir à la retraite à 62 ans s'il a cotisé 41,5 ans (une durée progressivement allongée à 43 ans pour la génération 1973).
Voulu par le candidat LR François Fillon, le report de 62 à 65 ans de l'âge minimum de départ à la retraite améliorerait la situation financière du système à court et moyen termes, mais aurait moins d'effets à long terme, selon les études du COR: en travaillant plus longtemps, le montant des pensions est plus élevé.
En revanche, l'allongement de la durée de cotisation a un effet à plus long terme.
Autre difficulté, beaucoup de seniors ne sont plus en emploi au moment du départ à la retraite. Si le relèvement d'âge de départ augmente le taux d'emploi des seniors, il augmente aussi celui de chômage.
En 2015, le taux d'emploi des 55-64 ans était de 48,7% et chutait à 27,6% pour les 60-64 ans, selon la Dares, tandis que le taux de chômage des seniors (50 ans ou plus) avoisine les 7%.
Quid du retour à 60 ans ?
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen promettent un retour de la retraite à 60 ans. Les candidats de La France insoumise et du Front national proposent aussi de ramener la durée de cotisation à 40 annuités pour une retraite pleine.
Selon M. Mélenchon, pour financer cette réforme, "il suffit que les femmes soient payées comme les hommes". Cela entraînerait une augmentation des cotisations sociales qui équilibrerait le régime.
Trois facteurs font craindre un risque de "déséquilibre démographique": l'allongement de l'espérance de vie, donc du temps passé à la retraite, une entrée dans la vie active de plus en plus tardive et un chômage élevé, synonymes de baisse des recettes.
De son côté, Benoît Hamon, le candidat du Parti socialiste, maintient l'âge de départ à 62 ans et prévoit un don de trimestres validés entre conjoints, pour "favoriser la retraite à taux plein du conjoint qui n'a pas suffisamment de trimestres".
Un régime universel par points, comment ça marche ?
C'est l'idée d'Emmanuel Macron. Un euro cotisé ouvrira les mêmes droits, "quels que soient votre secteur, votre catégorie ou votre statut", a promis le candidat d'En marche!.
Inspiré du système suédois, ce dispositif consiste à accumuler des points au fil de sa carrière qui seront convertis en euros, en fonction de l'âge de départ: plus on partira tard, plus la pension sera élevée, et la pénibilité sera prise en compte.
La valeur du point sera calculée en fonction de l'espérance de vie et de la croissance, et ne sera connue par le retraité qu'au moment de son départ.
En modifiant le prix d'achat d'un point en fonction de la conjoncture économique et démographique, le régime pourra "s'auto-équilibrer".
Reste la délicate phase de transition, envisagée sur une dizaine d'années, et les interrogations sur son adéquation avec les divers régimes complémentaires gérés par les partenaires sociaux (les fonctionnaires ne bénéficiant pas de régime complémentaire).
Ces questions, comme celle d'un âge maximum pour faire valoir ses droits, ne sont pas tranchées, assure-t-on du côté de l'équipe d'Emmanuel Macron.
Quel avenir pour les régimes dits spéciaux ?
Le régime des fonctionnaires et les régimes spéciaux (SNCF, RATP, entreprises électriques et gazières, clercs de notaire, marins...) sont régulièrement sur la sellette. Emmanuel Macron comme François Fillon veulent progressivement unifier les différents systèmes.
Depuis 2003, les réformes successives ont déjà largement amorcé l'harmonisation (âge, durée d'assurance, décote, surcote). Reste que pour les fonctionnaires, le calcul est effectué sur les six derniers mois de traitement (sans les primes qui représentent une part substantielle de leur rémunération), contre les 25 meilleures années pour les salariés du privé.
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