Le Pentagone a annoncé lundi étudier plus de 700 vidéos des frappes aériennes de la coalition internationale antijihadistes dans l'ouest de Mossoul, pour faire la lumière sur les informations faisant état d'un grand nombre de civils tués dans ces bombardements et jetant une ombre sur l'offensive.
"L'une des choses que nous examinons est si certains de ces chiffres sont cumulés à partir de différents incidents, différentes opérations, dans cette bataille très disputée, très féroce qui se joue à Mossoul", a expliqué le colonel J.T. Thomas, un porte-parole du commandement militaire américain, lors d'une téléconférence au Pentagone.
Les combats se déroulent dans "une zone densément peuplée" avec des "combats de porte à porte, de rue à rue, avec en plus des bombardements", a-t-il expliqué. "Il y a encore des milliers de civils dans l'ouest de Mossoul. C'est l'une de nos grandes préoccupations".
Dimanche, le chef des forces américaines au Moyen-Orient, Joseph Votel, avait qualifié de "terrible tragédie" la mort de civils dans des bombardements aériens à Mossoul.
La Russie a indiqué lundi avoir demandé la tenue d'une réunion spéciale du Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation dans la grande ville du nord de l'Irak et a affirmé "surveiller la situation de très près".
Après la secousse provoquée par la découverte de victimes civiles dans des raids aériens ces derniers jours, les forces irakiennes ont annoncé lundi relancer l'offensive contre l'EI dans la Vieille ville de Mossoul.
C'est dans cet entrelacs de rues étroites et densément peuplées où sont encore pris au piège 400.000 civils selon l'ONU que la résistance des jihadistes se concentre depuis que les forces irakiennes ont lancé la bataille pour reprendre Mossoul-Ouest le 19 février.
Depuis cette date, plus de 200.000 civils ont fui les combats à Mossoul-Ouest, selon des chiffres officiels irakiens.
La partie orientale de Mossoul, coupée par le fleuve Tigre, avait été reprise en janvier après trois mois de combats.
Résistance farouche
"La police fédérale et la Force de réaction rapide (du ministère de l'Intérieur) ont commencé à avancer aujourd'hui sur l'axe sud-ouest de la Vieille ville", a indiqué le commandant de la police fédérale, le général Raëd Chaker Jawdat.
La rue Farouk, située à proximité de la mosquée Al-Nouri, en est l'un des principaux objectifs, a-t-il ajouté.
Cette mosquée a une valeur très symbolique pour l'EI. C'est là que son chef Abou Bakr al-Baghdadi a fait en juillet 2014 sa seule apparition publique après la proclamation par le groupe ultraradical d'un "califat" sur les territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.
Les forces irakiennes combattent aux abords de la Vieille ville depuis des semaines, mais font face à une farouche résistance des jihadistes accusés d'utiliser les civils comme des boucliers humains.
L'EI "a commencé à utiliser des citoyens comme boucliers humains et nous essayons de les viser avec des snipers", a indiqué à l'AFP le porte-parole du Commandement des opérations conjointes, le général Yahya Rasool.
La semaine dernière, des responsables irakiens et des témoins ont affirmé que des dizaines voire des centaines de civils avaient trouvé la mort à proximité de la Vieille ville, dans le quartier de Mossoul al-Jadida, dans des frappes aériennes.
Moscou 'va poser des questions'
Seules l'armée irakienne et la coalition internationale antijihadistes - dont font partie, entre autres, la France et la Grande-Bretagne - mènent des frappes aériennes dans cette zone.
Une enquête est en cours pour vérifier qui de l'armée irakienne ou de la coalition a effectué ces frappes et dans quelles conditions.
La coalition a reconnu samedi avoir procédé à un raid aérien le 17 mars dans une zone de la ville où des pertes civiles ont été rapportées, sans préciser de quel secteur il s'agissait.
Paris a "déploré" lundi "les nombreuses pertes civiles", sans pour autant explicitement mentionner la responsabilité de la coalition.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dont le pays ne fait pas partie de cette coalition, a affirmé de son côté que "la tragédie du 17 mars (...) avait vu plus de 200 civils mourir, selon certains calculs".
La Russie, accusée de "crimes de guerre" par les Occidentaux lors du siège d'Alep (Syrie) l'an dernier, notamment pour avoir bombardé des civils, "va poser des questions" sur Mossoul devant le Conseil de sécurité, a prévenu M. Lavrov.
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