La réclusion criminelle à perpétuité a été requise lundi contre le Vénézuélien, âgé de 67 ans, par l'avocat général Rémi Crosson du Cormier pour qui "tous les éléments accumulés durant l'enquête convergent vers lui".
"Je n'ai pas d'ADN, d'empreintes digitales ou de vidéosurveillance. Mais la raison permet de dépasser le doute raisonnable. J'ai la conviction qu'Ilich Ramirez Sanchez est bien l'auteur de cet attentat criminel", a-t-il déclaré.
En revanche, pour la défense de Carlos qui a plaidé l'acquittement, rien dans le dossier ne permet de conclure avec certitude à la culpabilité de l'accusé auquel le doute doit profiter.
Témoins sans mémoire, victimes décédées, experts remplacés, le procès a montré la difficulté de juger une affaire 43 ans après les faits. C'est la Cour de cassation qui a jugé que la prescription criminelle de dix ans a été interrompu dans cette affaire, par des actes de procédure accomplis dans les autres dossiers Carlos, les faits s'inscrivant "dans la persévérance d'un engagement terroriste".
Incarcéré en France depuis 1994, Carlos a déjà été condamné à deux reprises à la perpétuité pour le meurtre de trois hommes, dont deux policiers en 1975 à Paris, et pour quatre attentats à l'explosif qui avaient fait onze morts et près de 150 blessés en 1982 et 1983, dans la capitale, à Marseille et dans deux trains.
"On nous accuse d'acharnement judiciaire, de négliger le droit à l'oubli. Mais, au nom de la vérité, du respect des victimes (...) il est un devoir de juger même après ce trop long délai", a défendu l'avocat général. La défense a elle dénoncé un "procès politique jugé d'avance" relevant de la "paléontologie judiciaire".
'Un costume sur mesure'
Dans le box, Ilich Ramirez Sanchez a, comme à son habitude, fait le show, se lançant dans d'improbables monologues aux accents révolutionnaires, provoquant la cour ou adressant des baisers ou serrant les mains de proches venus le soutenir à l'audience.
"Si vous le condamnez, il gagne, si vous l'acquittez, il perd", a fait valoir l'un des avocats de Carlos, Me Francis Vuillemin, pour qui son client, déjà condamné deux fois à la peine maximale et dont une troisième condamnation "ne changera rien au destin carcéral", a tout fait lors du procès "en provoquant la cour" pour prendre le maximum. "Alors, acquittez Carlos et il passera ses nerfs sur ses avocats", a-t-il lancé.
Parmi les éléments à charge mis en avant par l'accusation figure la grenade utilisée au Drugstore Publicis qui proviendrait du même lot que celles retrouvées dans l'appartement de la maîtresse de Carlos et entre les mains d'un commando de l'armée rouge révolutionnaire proche d'un mouvement palestinien auquel appartenait également Carlos. Mais pour la défense, l'argument ne tient pas car 24 grenades de ce type volées en Allemagne n'ont jamais été retrouvées et le système d'allumage découvert après l'explosion peut correspondre à un autre type de grenade américaine.
Le représentant du ministère public s'est également fondé sur les témoignages d'une maîtresse et d'ex-compagnons d'armes de Carlos, mais pour la défense, ces derniers ont varié dans leurs déclarations au cours des différentes auditions et se sont montrés confus à l'audience.
Me Vuillemin s'en est également pris à l'avocat Robert Bourgi, pris dans l'actualité pour avoir acheté des costumes à François Fillon, entendu comme témoin et qui a affirmé, tout comme son épouse Catherine, formellement reconnaître Carlos comme l'auteur de l'attentat du Drugstore où le couple dînait en 1974. "M. Bourgi est venu tailler à mon client un beau costume sur mesure", a-t-il ironisé.
L'avocat général a enfin jugé que l'interview de l'accusé au journal "Al Watan Al Arabi" dans lequel il revendiquait cet attentat, était "un récit circonstancié". "L'interview contient des erreurs factuelles. Et ce n'est pas un problème de traduction mais de manipulation", a défendu Me Vuillemin.
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