"La démystification" du chef de file des sociaux-démocrates Martin Schulz, qui paraissait au vu des récents sondages pouvoir faire vaciller la chancelière allemande, "a commencé", a déclaré Volker Bouffier, l'un des caciques des démocrates-chrétiens (CDU), au lendemain de leur nette victoire dans le petit Etat régional de Sarre.
"Monsieur Schulz redevient humain", après avoir semblé "marcher sur l'eau", a-t-il ironisé.
La CDU a remporté 40,7% des voix -- plus de cinq points de plus qu'en 2012 --, loin devant le parti social-démocrate (SPD) à 29,6%, alors que le scrutin devait évaluer la capacité réelle de son nouveau président à faire vaciller Mme Merkel, au pouvoir depuis 12 ans et qui briguera en septembre un quatrième mandat.
"Les campagnes électorales sont des courses de fond, pas des sprints et nous avons vraiment un bon et un long souffle", a répliqué lundi M. Schulz, un ancien footballeur dans sa jeunesse, à Berlin.
'Grand signal'
Le scrutin a fait toutefois l'effet d'une douche froide. Son parti, euphorisé par des sondages favorables, visait la victoire en Sarre où, à l'image de la coalition emmenée par Mme Merkel au niveau national, il gouverne en partenaire minoritaire avec la CDU.
Mme Merkel doit elle aussi tenir une conférence de presse au siège de la CDU à 11H15 GMT.
La presse allemande pointait sans ménagement lundi les premières limites de "l'effet Schulz", donné par de récents sondages au coude-à-coude avec la chancelière.
La Sarre, où vivent à peine 800.000 personnes, "est un petit Etat mais c'est un grand signal", juge le quotidien populaire Bild après l'amorce de cette "super année électorale" durant laquelle deux autres scrutins régionaux sont prévus en mai, avant les législatives du 24 septembre.
Alors que le SPD se traînait en début d'année à 20% d'intentions de vite, l'arrivée de l'ancien président du Parlement européen lui a permis de gagner en un temps record une dizaine de points dans les intentions de vote au niveau national.
Du coup, le parti, rejeté dans l'ombre de Mme Merkel depuis son arrivée au pouvoir en 2005, s'est pris à rêver d'alternance, dans un contexte de critiques à droite contre la décision de la chancelière de laisser venir plus d'un million de candidats à l'asile en 2015 et 2016 et d'une certaine lassitude perceptible à son égard après 12 ans de pouvoir.
'Buzz'
Les médias se demandent à présent si tout cela n'était pas qu'une "bulle" sans lendemain.
"Le buzz vient, le buzz part", ironise le quotidien Süddeutsche Zeitung (centre-gauche), "dans une démocratie, ce n'est pas le buzz qui compte, mais le résultat du scrutin. L'engouement pour le SPD de Martin Schulz a fait plus de bruit dans les sondage qu'en Sarre".
"Le SPD est plus faible que ne le suggérait la récente recrudescence des soutiens en faveur de Martin Schulz", relève le journal conservateur Die Welt, "maintenant, nous allons voir de quoi Schulz est fait".
A l'image de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, plusieurs journaux estiment aussi que la perspective d'une alliance en Sarre - et peut-être au niveau national dans la foulée - du SPD avec la gauche radicale de Die Linke, issue du parti communiste d'ex-RDA, a fait office d'épouvantail pour de nombreux électeurs.
Avoir parlé de cette alliance dite "rouge-rouge" fut une "erreur capitale", dit le journal.
"Flirter avec le +rouge-rouge+, ça ne prend pas dans cette région", a commenté la cheffe de file locale de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée la "Merkel de la Sarre" et que la chancelière considère, selon les médias allemands, comme une dauphine possible.
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