Mis en examen la semaine dernière après des soupçons d'emplois fictifs dans sa famille, le candidat de la droite à la présidentielle a dénoncé jeudi soir sur France 2 un "scandale d'Etat" et accusé François Hollande d'organiser, à la tête d'un "cabinet noir", les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires.
"C'est un livre sur le ministère de l'Intérieur et la place Beauvau, qui, en 250 pages, explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls", a affirmé M. Fillon.
"On n'a jamais écrit ça", lui a répondu l'un des trois auteurs de "Bienvenue Place Beauvau, Police: les secrets inavouables d'un quinquennat", le journaliste du Canard enchaîné Didier Hassoux. "La seule personne qui croit qu'il y a un cabinet noir à l'Elysée c'est François Fillon", a-t-il poursuivi sur franceinfo, dénonçant une instrumentalisation de l'ouvrage.
Paru jeudi chez Robert Laffont, le livre se présente avant tout comme un constat désolé et désolant de cinq ans de gestion de la "machine policière française" par la gauche incarnée par le président Hollande.
Dans le premier chapitre consacré à la "désarkozysation", les trois auteurs, Olivia Recasens, Didier Hassoux et Christophe Labbé, s'interrogent cependant sur l'existence d'un "cabinet noir anti-Sarkozy". "Il n'est pas possible d'en apporter la preuve formelle. Comme il n'est pas possible de prouver le contraire", concèdent les journalistes.
"Mais l'addition d'indices troubles et de témoignages étonnants interroge. Plusieurs observateurs bien placés dans l'appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l'existence d'une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d'action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial", écrivent-ils, sans toutefois faire allusion à l'affaire Fillon.
Ceux-ci détaillent également comment François Hollande a su "tirer profit" d'une "mécanique complexe aussi efficace que redoutable" pour potentiellement "orchestrer les affaires judiciaires", soulignant la présence de proches du président à des postes-clés de l'administration, de Bercy à la Chancellerie en passant par Beauvau, la préfecture de police de Paris et la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).
De fait le livre décrit les petites et grandes guerres menées à coups d'affaires judiciaires, entre grands policiers et hauts fonctionnaires proches ou supposés tels des différentes écuries politiques: hollandais, chiraquiens, sarkozystes ou vallsistes.
"L'impréparation, la méconnaissance de l'appareil policier et judiciaire ainsi que les circonstances ont très vite amené François Hollande à renier ses principes et adopter des méthodes qui n'ont rien à envier à celles de ses prédécesseurs", déplorent Recasens, Hassoux et Labbé.
Plus fondamentalement, les auteurs tirent de leur plongée dans les arrières-cours de la maison police des conclusions désenchantées: société qui se communautarise, "inadaptation" et "désorganisation" des forces de sécurité.
Citant le Premier ministre Bernard Cazeneuve selon lequel il "est long de reconstruire une police", les trois journalistes appellent à un sursaut: "Plus que jamais la présidentielle passe par l'Intérieur."
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