Selon les résultats des comptes nationaux publiées vendredi par l'Insee, le déficit public, qui englobe celui de l'Etat, des collectivités locales et de la Sécurité sociale, s'est établi l'an dernier à 3,4% du produit intérieur brut (PIB) au lieu des 3,3% promis par le gouvernement.
La dette publique, qui continue à s'accumuler tant que les comptes publics sont dans le rouge, a pour sa part continué sa progression, pour atteindre 2.147 milliards d'euros fin 2016, soit l'équivalent de 96% du PIB, contre 95,6% fin 2015.
Ces résultats constituent une déception pour le gouvernement, qui insistait ces dernières semaines sur son sérieux budgétaire et se disait confiant sur sa capacité à tenir ses objectifs, en dépit d'une activité économique morose.
"Pour la troisième année consécutive, la France a scrupuleusement tenu ses engagements européens", a toutefois assuré le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin, dans une déclaration transmise à l'AFP.
"Avec un déficit public de 3,4%, elle respecte exactement la recommandation de la Commission européenne", a-t-il ajouté.
Le gouvernement, après avoir obtenu plusieurs délais de Bruxelles pour revenir dans les clous exigés par les traités européens, a engagé en 2014 un mouvement de réduction de la dépense publique, passée de 57,1% à 56,2% du PIB l'an dernier.
L'Insee a toutefois revu à la hausse vendredi le déficit public pour 2014 et 2015, respectivement à 3,9% (au lieu de 3,8%) et 3,6% du PIB (au lieu de 3,5%).
'Finances publiques fragiles'
"Cette gestion budgétaire sérieuse aura permis de réduire continûment les déficits, tout en baissant les impôts des ménages et des entreprises et en permettant à la croissance de repartir", a estimé M. Sapin.
D'après l'Insee, le taux de prélèvements obligatoires a diminué de 0,1 point l'an dernier, à 44,3% du PIB. Dans le même temps, la progression des dépenses publiques a ralenti, passant de 1,4% en 2015 à 1,1% en 2016, grâce notamment à la diminution de la charge de la dette, allégée par les faibles taux d'intérêt.
Les finances publiques ont pâti du climat économique morose, avec une croissance qui a patiné l'an dernier, à 1,1% selon les dernières estimations, loin des 1,5% prévus par l'exécutif.
Le gouvernement s'est engagé à ramener en 2017 le déficit public sous la barre fatidique des 3% du PIB, pour la première fois depuis 10 ans. Un objectif jugé peu crédible par de nombreux observateurs, d'autant que la plupart des candidats à la présidentielle ont assuré vouloir s'affranchir de cet engagement.
"Toutes les conditions sont réunies pour que, en 2017, le déficit public revienne sous les 3%", a toutefois souligné M. Sapin, appelant à "poursuivre dans la durée" les efforts "pour assainir définitivement la situation des finances publiques".
Dans son rapport annuel, publié début février, la Cour des comptes avait estimé que le retour du déficit sous la barre symbolique des 3% serait "très difficile à atteindre".
"Le redressement de nos comptes publics est encore loin d'être acquis et nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables, ce qui tend à nous isoler et à nous affaiblir", avait averti son président Didier Migaud, mettant en garde les candidats à la présidentielle contre toute tentation de relâcher les efforts.
Ces dernières semaines, les attaques se sont multipliées contre les règles budgétaires européennes, accusées par la plupart des prétendants à l'Elysée d'entraver la reprise.
Il faut "s'exonérer du pacte de stabilité" européen, a déclaré Jean-Luc Mélenchon. "Cette barre des 3% est un non-sens", a abondé Benoît Hamon, tout en s'engageant à revenir à terme dans les clous européens en cas de victoire à la présidentielle.
Seul Emmanuel Macron s'est engagé à rester en 2017 "dans l'épure des 3%", François Fillon prévoyant un dérapage à 3,5 ou 3,6%... lié selon lui aux mesures prises par François Hollande.
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