Le contrôle routier a-t-il été le détonateur?
Lorsqu'il est contrôlé samedi à 06H55 à Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) par la police, Ziyed Ben Belgacem roule à vive allure et feux éteints. Il est également fortement alcoolisé, sous l'emprise de stupéfiants et en possession d'un revolver à grenaille. Nul doute que le contrôle va donner lieu à une verbalisation, voire à une révocation de son contrôle judiciaire prononcé en novembre 2016 et donc son retour en détention. Ziyed Ben Belgacem présente ses papiers au policier puis tire avec son revolver au niveau de la tête du fonctionnaire. C'est le début d'une "sorte de fuite en avant avec un processus de plus en plus destructeur", selon les mots du procureur de Paris François Molins, à la tête du parquet antiterroriste.
A-t-il eu peur de retourner en prison?
C'est une des hypothèses étudiées par les enquêteurs. A 39 ans, Ziyed Ben Belgacem a un casier judiciaire chargé (neuf mentions notamment pour violences, outrage, recel). C'est un habitué des tribunaux et des séjours en prison. Il est condamné en 2001 à cinq ans pour vol à main armée puis en 2009 successivement à trois puis cinq ans pour trafic de stupéfiants. Placé en détention provisoire mi-mars 2016 lors d'une mise en examen pour vols avec effraction, il est finalement mis sous contrôle judiciaire fin septembre. Son avocate Fatima Raji a expliqué à Europe 1 "avoir le sentiment qu'il souhaitait avancer, tourner la page sur son passé, se réinsérer, mener une vie tranquille". Peu après le contrôle routier, il a affirmé à ses proches "avoir fait une bêtise".
Comment a-t-il choisi sa cible?
Selon les témoignages à Orly, l'assaillant a dit: "Je suis là pour mourir par Allah, de toute façon, il va y avoir des morts." En s'attaquant à des militaires de l'opération Sentinelle en plein état d'urgence, Zyied Ben Belgacem semble chercher la mort, sans se revendiquer d'aucune organisation jihadiste. Un Coran en poche, il est abattu après avoir dérobé le fusil d'assaut d'une militaire. "On est plutôt sur la dérive d'un délinquant de droit commun mais teinté d'une coloration islamiste", analyse une source proche de l'enquête. Un temps détecté par les services de renseignement pour des signes de radicalisation en prison, il avait fait l'objet d'une perquisition administrative en 2015, qui n'avait rien donné. Il n'était pas fiché au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).
A-t-il été influencé par la propagande jihadiste?
Aucun élément suspect n'a été retrouvé lors des perquisitions à son domicile, mais l'exploitation de son matériel informatique était encore en cours lundi. Le choix de la cible et le mode opératoire utilisé sont régulièrement exposés dans les revues de propagande jihadiste. Mais l'attaque n'avait toujours pas été revendiquée lundi, alors que la plupart des attentats similaires l'ont été dans les 24 heures par des groupes comme l'Etat islamique. A ce stade, l'enquête s'oriente sur un acte isolé. Les gardes à vue de ses proches qui s'étaient présentés d'eux-mêmes à la police ont été rapidement levées.
L'assaillant était-il lucide?
L'autopsie de l'assaillant a mis en évidence un taux d'alcoolémie de 0,93 gramme par litre de sang (quasiment le double du taux maximal autorisé au volant) et la présence de cannabis et de cocaïne. Il semble y avoir "un mélange détonnant d'alcool, de stupéfiants, de religion et de désespoir", estime une source proche de l'enquête. Pour le psychanalyste Fethi Benslama, très actif dans les travaux de prévention de la radicalité violente, "on est face à des personnes d'une extrême fragilité, qui peuvent entrer dans un processus incontrôlable, un phénomène très difficile à prévoir et à contrôler".
A LIRE AUSSI.
Orly: l'assaillant sous l'emprise de l'alcool et de stupéfiants
L'assaillant d'Orly: un passé de violence ponctué de séjours en prison
Carnage à Bagdad: 45 morts dans un attentat de l'Etat islamique
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.