Cette reculade pose maintenant la question de l'avenir du Stade Français, que son président Thomas Savare cherche à vendre depuis plus d'un an. Il l'a racheté à l'été 2011 avec sa famille, qui est à la tête du groupe de technologie Oberthur.
"Jusqu'à la fin de la saison, je serai là. Après, on verra...", a-t-il déclaré au site de Midi Olympique.
"Si un repreneur se présente avec un projet concret et viable, je cèderai le club", a-t-il ajouté, alors qu'il avait déclaré vendredi n'avoir reçu aucune offre crédible de rachat.
Savare a également évoqué la possibilité de rester à la tête du Stade Français avec "un projet alternatif", présenté "l'an passé" et s'appuyant sur "un budget plus modeste où l'on misait sur la formation, les jeunes et le développement".
L'annonce de la mort du projet de fusion, tombée peu après 12h30, a autant stupéfié que celle de son existence lundi. "Je renonce au rapprochement avec le Stade Français Paris, en accord avec Thomas Savare, la fusion n'aura donc pas lieu", a écrit le patron du Racing Jacky Lorenzetti.
"J'ai entendu et compris les fortes réticences qu'a soulevées ce beau projet d'union. Les conditions sociales, politiques, culturelles, humaines, sportives ne sont pas remplies. Peut-être avons-nous eu raison trop tôt, l'avenir nous le dira ...", a-t-il ajouté.
Fin de la grève
"Fortes réticences" est un euphémisme. Dicté par des raisons économiques selon les deux présidents, ce projet d'unir les rivaux franciliens, qui ont remporté les deux premiers et deux derniers titres de champion de France, a provoqué une levée de boucliers.
D'abord de la part des supporters et des joueurs du Stade Français, qui ont dénoncé "un rachat" déguisé en fusion.
Le lendemain de l'annonce, ils ont décrété un mouvement de grève illimité, qui a poussé la Ligue nationale de rugby (LNR) à reporter les matches de Top 14 prévus samedi, Montpellier-Racing et Castres-Stade Français.
Dimanche, après avoir obtenu la fin du projet de fusion, les joueurs du Stade Français ont levé leur grève à l'unanimité. "Nous sommes soulagés", a déclaré leur meneur Pascal Papé sur Canal+.
Ce mouvement faisait peser le risque d'un forfait général du club parisien pour la fin du championnat. Avec d'énormes conséquences sur le classement final du Top 14, la course à la qualification pour la phase finale et la lutte pour le maintien.
Rien que l'annonce de la fusion "a un peu faussé le championnat", a d'ailleurs estimé sur Canal+ le président de Toulon Mourad Boudjellal, citant le cas de Bayonne qui s'est réveillé samedi contre Bordeaux-Bègles (24-20).
'Plein d'autres derbys'
Savare, qui a confirmé l'abandon du mariage peu après Lorenzetti, a expliqué qu'il "n'aurait eu aucun sens (vu les résistances), en particulier à un moment où le rugby français fait face à de nombreux défis".
"J'ai entendu l'émotion, la surprise et l'incompréhension des supporters, des joueurs et des membres de notre association", a ajouté Savare, estimant que "l'implication des principaux acteurs s'annonçait indispensable".
Dans son communiqué, Lorenzetti a également parlé de "résistance" au sein du Racing 92: "Je n'ai pas mesuré à quel point la nécessité d'expliquer, de faire partager ma vision et d'en présenter les modalités jusque dans les rangs du Racing 92 étaient une priorité absolue".
Le centre Henry Chavancy, au Racing depuis l'école de rugby, s'est d'ailleurs dit sur son compte Twitter "tellement heureux de (se) dire (qu'il aura) l'occasion de jouer plein d'autres derbys en ciel et blanc".
Ce projet de fusion avait également rencontré la forte hostilité de la Fédération française de rugby (FFR), dont le président Bernard Laporte a été l'entraîneur du Stade Français, guidant le club au titre de champion de France 1998 avec comme joueur Serge Simon, numéro 2 de l'instance.
La FFR s'était ainsi déclarée "choquée" et "très étonnée" lundi, précisant n'avoir "jamais été consultée".
En outre, de nombreux joueurs du Top 14 avaient manifesté leur soutien à leurs homologues du Stade Français opposés à la fusion.
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