En l'espace d'à peine 48 heures les efforts de la chancelière allemande et du président américain vendredi à Washington, pour au moins afficher un semblant de concorde face aux médias, ont laissé place à la réalité des désaccords de fond.
La ministre allemande de la Défense a rejeté dimanche une accusation de Donald Trump, formulée à mots couverts dès vendredi lors de sa conférence de presse puis frontalement samedi, selon laquelle l'Allemagne devrait d'importantes sommes d'argent à l'Otan et aux Etats-Unis du fait de dépenses militaires insuffisantes.
pas de "dette"
"Il n'existe pas de compte où sont enregistrées des dettes au sein de l'Otan", a dit sèchement Ursula von der Leyen, une proche de la chancelière Angela Merkel, dans un communiqué.
L'Allemagne "doit d'énormes sommes d'argent" à l'Otan et aux Etats-Unis qui lui "fournissent une défense très puissante et très coûteuse", avait tweeté la veille le président américain, moins de 24 heures après sa première rencontre en personne avec la chancelière allemande à la Maison Blanche.
Pour tenter d'amadouer l'administration Trump, Angela Merkel a bien réaffirmé que son pays entendait respecter un engagement pris à l'Otan en 2014, qui prévoit que les pays membres augmentent leurs dépenses militaires jusqu'à 2% de leur Produit intérieur brut dans un délai de 10 ans.
L'Allemagne n'est aujourd'hui qu'à 1,2% et peu de pays de l'Otan atteignent le niveau de 2%.
Toutefois, dimanche, sa ministre de la Défense a précisé que l'augmentation promise ne concernerait pas seulement l'Otan, mais aussi l'engagement de Berlin dans les missions de défense de l'UE, projet pour lequel Donald Trump a exprimé un certain mépris, et celles de l'Onu, au moment où Washington veut réduire son budget aux Nations Unies.
"Vouloir lier les 2% que nous voulons atteindre au milieu de la prochaine décennie seulement à l'Otan est erroné", a dit la ministre conservatrice.
Cette passe d'arme sur les dépenses militaires vient s'ajouter aux divergences affichées vendredi entre Donald Trump et Angela Merkel sur des sujets comme l'immigration ou le commerce.
divergences sur le commerce et le climat
Pour les médias allemands, une scène symptomatique a résumé le climat de l'entrevue vendredi: lorsque le chef de l'Etat américain a paru ignorer une proposition d'Angela Merkel de se serrer la main dans le Bureau Ovale face aux caméras.
"Je ne pense pas qu'il ait entendu la question" de la chancelière allemande, a tenté de relativiser le porte-parole de Donald Trump dans une déclaration dimanche au magazine Der Spiegel.
Mais le quotidien Bild juge cette version "improbable" alors que Donald Trump était assis aux côtés de la chancelière et ne lui a, pendant toute la scène, adressé aucun regard. Le journal parle d'une "rencontre glaciale".
L'entrevue difficile entre le chef de la première puissance mondiale et celle qui est considérée comme la dirigeante la plus influente d'Europe a coïncidé avec des désaccords de fond au cours du week-end lors d'une réunion des grands argentiers du G20 en Allemagne.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble n'est pas parvenu à Baden-Baden à empêcher les Etats-Unis de remettre en cause la doctrine mondiale traditionnelle de ce forum des pays riches et émergents en faveur du libre-échange et de la lutte contre le changement climatique.
Les Etats-Unis ont fait retirer du communiqué final une condamnation du "protectionnisme" et un engagement à adhérer rapidement à l'accord de Paris sur le climat.
Il s'agit de deux sujets centraux pour l'Allemagne, qui préside cette année le G20: elle vit de ses exportations et est à la pointe au niveau mondial dans la réduction des émissions polluantes.
Pour le quotidien Die Welt, "Donald Trump cherche à ruiner le sommet du G20 de Merkel" prévu au niveau des dirigeants début juillet à Hambourg.
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