Nicola Sturgeon, la Première ministre de l'Ecosse et cheffe du parti national SNP, craint que la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et du marché unique va entraîner la suppression de "dizaines de milliers d'emplois" en Ecosse.
Au congrès du SNP ce week-end à Aberdeen, les militants du parti évoquaient même "un suicide économique" dont le seul antidote serait l'indépendance que Mme Sturgeon cherche à arracher à travers un nouveau référendum fin 2018 ou début 2019.
Mais la perspective de voir l'Ecosse s'affranchir de l'Angleterre, moteur économique du Royaume-Uni, soulève une autre question: celle de savoir si Édimbourg a véritablement les moyens de ses ambitions sur le plan économique.
Le sujet avait déjà été au coeur de la campagne pour le dernier référendum d'auto-détermination en 2014. A l'époque, les partisans d'un statu quo avaient multiplié les mises en garde contre une aventure en solo.
Un pilonnage en règle qui a largement contribué à la victoire du non à l'indépendance (55% à 45%) selon les analystes.
Or depuis, la santé de l'économie écossaise s'est détériorée et le déficit public s'établit désormais à 9% du PIB. Pire que la Grèce.
'Fort déficit'
Il n'en faut pas plus pour que les conservateurs et travaillistes écossais, résolument opposés à indépendance, dénoncent à leur tour le "suicide économique" que constituerait, selon eux, une rupture avec le reste du Royaume-Uni.
Si la situation de l'Ecosse s'est dégradée, c'est essentiellement à cause de la chute des prix du pétrole, obligeant régulièrement le gouvernement britannique à intervenir pour soutenir l'industrie pétrolière et gazière en mer du Nord.
Le secteur emploie environ 330.000 personnes au Royaume-Uni dont 38% en Ecosse, surtout dans la région d'Aberdeen où le SNP a tenu son congrès ce week-end.
Deirdre Michie, la directrice d'Oil and Gas UK, admet à l'AFP que l'industrie pétrolière subit "un ralentissement durable" avec "un impact certain sur l'emploi".
"En l'état actuel des choses, une Ecosse indépendante connaîtrait un fort déficit budgétaire. Nous avons modélisé le revenu des taxes du pétrole pour les années à venir et c'est modeste. La seule chose qui pourrait changer cela serait une augmentation sensible des prix du pétrole", explique à l'AFP Alex Kemp, président du centre de recherche sur l'économie de l'énergie à Aberdeen.
Le manque de recettes fiscales, actuellement compensé par le gouvernement central à Londres, pourrait conduire soit à des hausses d'impôts soit à des réductions dans les dépenses publiques, souligne l'analyste.
'Prospère'
Malgré tout, ajoute-t-il, l'Ecosse "ne s'en tire pas si mal comparé à des pays de taille comparable", grâce notamment à des produits comme le whisky, son industrie de pêche, un secteur financier florissant et ses nombreuses universités.
Avec un PIB par habitant de 38.360 euros, l'Ecosse se situe dans la même fourchette que des pays comme la Belgique ou la Finlande et au-dessus du niveau du Royaume-Uni dans son ensemble, selon les chiffres de l'exécutif écossais.
"L'Ecosse est la 15e nation la plus prospère au monde en termes de PIB par habitant, deux places devant le Royaume-Uni. Affirmer que nous n'aurions pas les moyens d'être indépendants est fondamentalement stupide", tonne dès lors le député Alex Salmond, ancien Premier ministre d'Ecosse et ex-leader du SNP.
"C'est absurde", s'émeut aussi Mike Russell, membre du gouvernement écossais, auprès de l'AFP. "L'Ecosse est un pays prospère, plein de ressources et le meilleur en Europe en termes d'éducation", insiste-il.
Mais pour le ministre, le référendum sur l'indépendance, avant d'être un débat économique, est d'abord une question de principe. "Ce qui importe, dit-il, c'est la démocratie et le droit du peuple écossais de décider de son propre avenir".
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