Aussi sûr que les enquêtes d'opinion qualifient la candidate FN à la présidentielle pour le second tour du scrutin, 15 ans après son père Jean-Marie Le Pen en 2002, ils y annoncent sa défaite, avec environ 20 points de retard sur Emmanuel Macron.
En 2016, Marine Le Pen a mis en avant son supposé "apaisement", espérant ainsi désamorcer la mobilisation de second tour de l'électorat de gauche aux régionales fin 2015 pour la faire battre en Hauts-de-France, ainsi que sa nièce Marion Maréchal-Le Pen en Paca.
Depuis début 2017, changement de ton: son "patriotisme" est "décomplexé", comme elle l'a assuré jeudi lors d'une visite de marché varois. Elle bombarde un machiavélique "système", rendu responsable de ses difficultés et des maux du "peuple", "au nom" duquel elle dit parler.
Et la dirigeante d'extrême droite privilégie les thématiques porteuses auprès des électeurs déçus par la mise en examen de François Fillon, identité, immigration, impôts, bien moins prolixe sur ce qui pourrait les rebuter.
La sortie de l'euro, clé de voûte de son projet 2012, devient presque mineure dans sa campagne, parfois glissée d'une phrase dans une réunion publique ou euphémisée dans ses 144 engagements présidentiels ou certains de ses tracts.
Cette mesure est jugée anxiogène, notamment par les plus de 65 ans, moins nombreux que la moyenne à la choisir, lui préférant le candidat de la droite.
Solidement installée en tête du premier tour, Marine Le Pen doit faire mentir les pronostics qui lui promettent une défaite le 7 mai face à l'ancien ministre de l'Economie ou même, avec une marge plus réduite, face à François Fillon.
Au menu d'ici le 23 avril, de grandes réunions publiques à Lille, Bordeaux, Ajaccio, Toulouse, Paris et Marseille.
Une 'brebis galeuse' suspendue
Or au même moment interviennent depuis fin janvier plusieurs révélations déstabilisantes, même si elles laissent pour l'instant de marbre les courbes sondagières.
Il y a aussi un signalement Tracfin transmis au Parquet national financier pour un de ses eurodéputés, une enquête ouverte suite à une plainte pour "travail dissimulé" de l'ancien chauffeur de Jean-Marie Le Pen, le fisc qui estime que le patrimoine de l'ancien et l'actuelle présidents du FN est sous-évalué, etc.
C'est en outre l'eurodéputé ex-FN Aymeric Chauprade qui assure que Marine Le Pen a demandé en juin 2014 une délégation à ses eurodéputés nouvellement élus pour pouvoir embaucher à leur place des assistants parlementaires.
L'enquête sur ces assistants parlementaires européens a été relancée avec la mise en examen de sa secrétaire personnelle. Convoquée chez les juges le 10 mars, Mme Le Pen a fait faux bond, contrairement à M. Fillon quelques jours plus tard.
M. Chauprade assure en outre que la présidente du FN l'a appelé lorsqu'il a refusé pour sa campagne européenne en 2014 de souscrire au kit de campagne, proposé par la société Riwal.
Ce système est au coeur de l'enquête ayant abouti à un renvoi en correctionnelle de dix personnes physiques et morales, dont le FN, concernant les campagnes 2012. Deux enquêtes ont été ouvertes sur les campagnes ultérieures.
C'est enfin C8 qui a révélé mercredi soir dans un documentaire en caméra cachée des propos négationnistes d'un important élu régional FN, immédiatement suspendu par le parti. Une "brebis galeuse", a réagi Mme Le Pen jeudi au sujet de cet ex-dirigeant identitaire niçois.
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