A 18 heures, il sera trop tard: les parrainages devront être parvenus par voie postale au Conseil constitutionnel et ce sera aussi l'heure limite des dépôts de candidature pour l'élection des 23 avril et 7 mai.
La liste finale des parrainages, pour la première fois intégralement rendue publique cette année, sera dévoilée samedi, comme celle des candidats.
Au dernier décompte, mardi, ils étaient huit à avoir franchi la barre des 500 signatures, le nombre de parrainages recueillis parmi un vivier d'environ 42.000 élus étant sans rapport avec la place donnée à chacun dans les sondages.
En tête, le candidat de droite François Fillon avait obtenu 2.953 signatures, profitant malgré ses démêlés judiciaires du solide réseau de soutien des Républicains, devant le socialiste Benoît Hamon (1.717), l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron (1.548), le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (672), le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon (666), celle de Lutte ouvrière Nathalie Arthaud (623) et la présidente du Front national Marine Le Pen (618).
La surprise Asselineau
Si pour les principales têtes d'affiche, l'exercice peut s'apparenter à une formalité, pour les plus "petits" candidats, contraints à faire du porte-à-porte auprès des élus ruraux, cette quête aura relevé d'un vrai parcours du combattant.
Invité surprise de cette élection, François Asselineau est le huitième de la liste, avec 569 parrainages, grâce à une campagne menée tambour battant par voie d'affiches et via les réseaux sociaux. Souverainiste et europhobe, il avait vainement tenté sa chance en 2012.
A l'époque, "l'idée même de sortir de l'Union européenne paraissait farfelue, extrémiste". "Cinq ans plus tard, la crise de l'euro avec la Grèce, le Brexit, ont donné raison à ce que je dis depuis neuf ans", témoigne-t-il.
A quelques heures du clap de fin, trois autres espéraient se qualifier sur le fil: Jacques Cheminade, vétéran de la politique déjà candidat en 1995 et 2012 avec un résultat symbolique, Philippe Poutou, un ouvrier qui porte le flambeau du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) et Jean Lassalle, un député centriste non-inscrit.
"Le compte devrait y être", a lancé vendredi matin Olivier Besancenot, le porte-parole du NPA. "D'après notre recensement, on vient juste de dépasser à peine les 500 signatures" pour Philippe Poutou.
Transparence
"Ce n'est pas tombé du ciel. Des centaines de militants ont sillonné toute la France, contacté les maires des plus petites communes qui ont accepté de parrainer, pour échapper au contrôle des partis institutionnels", racontait-il sur LCI, en dénonçant le fait que "le Conseil constitutionnel refuse de reconnaître que le cachet de la Poste fasse foi".
En effet, en vertu d'une loi d'avril 2016 sur la transparence, les parrainages doivent désormais parvenir au Conseil constitutionnel vendredi soir par voie postale uniquement.
De plus, la liste des parrains peut être désormais connue de tous, à raison de deux listes publiées chaque semaine depuis le 17 mars, un manque de confidentialité vu d'un mauvais oeil par les "petits" candidats.
La publication des noms est une mesure "inique, voire scélérate", dénonçait vendredi Jacques Cheminade, racontant "qu'un certain nombre d'élus qui s'étaient engagés sur l'honneur se sont désistés".
Malgré cela, Jacques Cheminade se disait presque certain d'arriver au compte. Au dernier pointage, il avait atteint 469 parrainages, Jean Lassalle 453 et Philippe Poutou 357.
D'autres étaient plus loin du compte, comme Rama Yade avec 217 signatures. Certains encore avaient reçu des soutiens sans être candidat: Alain Juppé, un moment envisagé comme recours à droite si François Fillon renonçait, a suscité 302 parrainages et François Baroin 27.
Une fois les derniers formulaires arrivés, le Conseil constitutionnel devra vérifier que les critères de diversité sont respectés: pour chacun, les parrainages doivent provenir de 30 départements différents et 50 au maximum peuvent émaner d'un même département. Outre sa déclaration de candidature, chacun devra aussi avoir déclaré son patrimoine, autre nouveauté cette année.
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