Vedette ne rime pas toujours avec bonheur
"J’ai eu un jour cette chance extraordinaire de rencontrer Maaike, ma femme, avec qui je suis marié depuis 1966. Nous avons partagé tant de choses ensemble, des événements heureux mais aussi d’autres, tellement douloureux…
J’avais 22 ans lorsque nos chemins se sont croisés. Maaike suivait des cours d’art dramatique à Paris dans le même cours que moi. J’ai aussitôt été séduit par cette belle personne qui osait dire, alors que nous étions tous très impatients de connaître le succès : ‘‘Si je veux être comédienne, je ne veux pas devenir une vedette pour autant, et risquer de perdre mon âme !’’ Depuis, j’ai souvent eu l’occasion de vérifier que vedette ne rime pas toujours avec bonheur.
Lorsque j’ai rencontré ma future belle-famille, des protestants calvinistes d’origine hollandaise, j’ai compris d’où venait cette authenticité de Maaike qui me touchait tant. Le clan était animé par mon beau-père, un homme imposant par son allure mais aussi par sa simplicité, qui a su m’accueillir dans sa tribu, sans jamais me juger, ni tenter de m’influencer. Pour moi, qui me sentais dans ma propre famille si peu désiré, l’accueil chaleureux de cette nouvelle famille fut un vrai cadeau du ciel !
"Sa foi bien ancrée a été comme une digue"
On disait les protestants austères, mais je découvrais au contraire des gens heureux et libres dans leur foi. Je n’avais de la religion catholique qu’une vision tiède à travers ma mère, largement influencée par mon père qui, lui, était carrément anticlérical. Enfant, au grand dam de mes parents, je m’étais rendu en cachette au catéchisme avec des camarades. Et au service militaire, j’ai souvent assisté à la messe, dite par un ami curé. La bonté qui émanait du message christique m’attirait depuis lors, mais c’est en voyant ma femme vivre sa foi que j’ai décidé de demander le baptême, à 26 ans.
Je savais que, toute petite déjà, ma femme croyait avec ferveur, mais c’est au cœur de cette terrible épreuve que fut l’assassinat de notre fille Géraldine, que j’ai ressenti la force de son adhésion au Christ. Dans la tourmente que nous avons traversée, sa foi bien ancrée a été comme une digue, m’empêchant de partir à la dérive. Face au drame, la célébrité rend parfois les choses encore plus cruelles.
"Il est mort maintenant, et il devra s’expliquer devant Dieu"
Après le suicide du meurtrier présumé de notre fille et de son amie, certains journalistes people, me sachant croyant, me demandaient : ‘‘Est-ce que vous pardonnez à Jean-Pierre Treiber ?’’ Une façon insidieuse de voir si j’étais cohérent avec mes convictions. Or cette question me hantait déjà nuit et jour. Maaike m’a alors donné une nouvelle preuve concrète de sa foi en me confiant : ‘‘Je lui pardonne tout. Il est mort maintenant, et il devra s’expliquer devant Dieu auquel il ne pourra échapper, cette fois.’’ Aurais-je jamais ce courage ? C’est si difficile de pardonner.
Depuis que Géraldine n’est plus là, Maaike est tout ce qui me reste de ma famille. Elle me console de ne plus entendre ce doux mot de Papa que nul ne prononcera plus à mon égard. Dans ce métier quelque peu narcissique qui est le mien, chaque jour ma femme, par sa présence bienveillante à mes côtés, me rappelle l’essentiel. Comme l’esclave qui suivait l’empereur romain en répétant : 'N’oublie pas que tu es mortel' !" (La Croix 16 avril 2013)
Roland Giraud (Piste 1)
Roland Giraud (Piste 2)
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