En dépit de la menace terroriste qui l'a conduit, sitôt arrivé sur place, à "justifier" le maintien de l'état d'urgence jusqu'à la mi-juillet, le président sortant n'a guère boudé son plaisir sur ces terres qui lui sont ô combien familières.
Au cours de son quinquennat, il les aura foulées une trentaine de fois, y revenant notamment chaque année pour un hommage rituel aux "99 pendus de Tulle" exécutés par la division SS Das Reich le 9 juin 1944 dans cette ville dont il fut maire de 2001 à 2008.
La population corrézienne, a-t-il encore souligné jeudi, est "une population de résistance" et "d'ouverture" qui "n'a jamais eu peur" et notamment "lorsqu'il s'est agi de lutter contre l'occupant" nazi, il y a plus de 70 ans.
"J'étais Corrézien avant d'être président, je suis resté Corrézien pendant ma présidence (...) et je serai toujours Corrézien", a-t-il encore déclaré avant de regagner Paris, soulignant son "affection pour la population de ce territoire et ses paysages".
Formellement, François Hollande retournera encore à deux reprises en Corrèze avant la fin de son mandat. Mais ce sera dans un rôle silencieux pour glisser un bulletin dans l'urne et désigner son successeur, les 23 avril et 7 mai.
En attendant, le chef de l'État sortant a bouclé la boucle, saluant l'initiative de Jacques Chirac qui avait posé cette usine pharmaceutique "comme une soucoupe volante" à Meymac à la fin des années 80 lorsqu'il était député (RPR) de la circonscription, et s'inscrivant dans cette "continuité".
Ce site industriel, a rappelé l'actuel président, a connu depuis "des réussites exceptionnelles" employant jusqu'à 160 personnes lorsqu'il était la propriété du laboratoire américain Bristol-Myers Squibb (BMS) mais aussi bien des vicissitudes.
"Le monde n'est pas une menace"
En 2010, BMS avait décidé de s'en séparer, entraînant la reprise de l'usine par un laboratoire algérien qui n'avait conservé qu'une trentaine de salariés et avait lui-même été placé en liquidation judiciaire cinq ans plus tard.
Menacé de disparaître totalement, le site renaît donc de ces cendres au main d'un investisseur pakistanais, Jawaid Akhai, PDG de Martin Dow, numéro un de l'industrie pharmaceutique au Pakistan, qui a promis de créer une centaine d'emplois d'ici à 2020 à Meymac où il produira des médicaments génériques.
Mais bien au-delà de la Corrèze et à 39 jours du premier tour de la présidentielle, François Hollande a martelé le message qu'il ne cesse de délivrer depuis des semaines.
"Nous avons besoin d'un État et il nous faut avoir des fonctionnaires qui puissent mener à bien les projets des entrepreneurs privés", a-t-il ainsi souligné dans une allusion au projet du candidat de la droite, François Fillon, qui entend supprimer 500.000 emplois dans la fonction publique s'il est élu.
Aux Français qui "s'interrogent toujours" sur leur avenir dans la mondialisation, François Hollande a opposé aussi la "très bonne démonstration" apportée par cet investisseur pakistanais: "Le monde n'est pas une menace" mais une "opportunité".
"Il ne faut pas avoir peur car rien ne nous protègera, aucun, mur aucune barrière, aucun droit de douane", a-t-il enchaîné dans une nouvelle allusion à son homologue américain Donald Trump, au populisme et à l'extrême droite.
Le chef de l'État avait débuté sa carrière politique en Corrèze par une défaite face à Jacques Chirac qu'il avait défié aux législatives de 1981. Député de la première circonscription de Corrèze de 1988 à 1993 puis de 1997 à 2012, il a été aussi président de son Conseil général de 2008 à 2012.
Cette année-là, la Corrèze l'avait plébiscité face à Nicolas Sarkozy, lui accordant 64,86% de ses suffrages.
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