"Je n'oublie pas que je ne suis là qu'en tant que candidat, mais j'ai vu beaucoup de convergences avec la chancelière", a déclaré M. Macron aux journalistes après sa rencontre d'environ une heure à la chancellerie avec celle qui est considérée comme la dirigeante la plus puissante d'Europe.
L'ex-ministre de l'Economie du gouvernement socialiste de François Hollande, 39 ans, a dit avoir confié à la chancelière conservatrice son fort attachement au "couple franco-allemand", son souhait de lutter "contre les extrêmes", de renforcer "l'Europe de la défense", ainsi que sa volonté de "tenir les engagements" européens de la France et d'y entamer des réformes structurelles, un sujet qui a souvent divisé Paris et Berlin par le passé.
Mais il a aussi insisté sur la nécessité d'engager "une politique d'investissements européens", ce qui pourrait constituer un sujet conflictuel avec Mme Merkel.
Pas un 'adoubement'
M. Macron a rejeté l'idée selon laquelle sa venue à la chancellerie pourrait être perçue comme une marque de soutien d'Angela Merkel. "Ce n'est en aucun cas un adoubement", a-t-il dit, "dans une campagne le seul adoubement, c'est celui du peuple".
La réception d'Emmanuel Macron à la chancellerie n'est toutefois pas anodine. L'ex-ministre s'était déjà rendu à Berlin le 10 janvier, mais n'avait pas à l'époque été reçu par Mme Merkel.
La chancelière s'était en revanche entretenu avec François Fillon, le candidat conservateur, fin janvier.
Le lendemain éclatait le scandale des emplois présumés fictifs de sa femme et de deux de ses enfants au Parlement, payés sur des deniers publics. Une affaire qui a valu à M. Fillon d'être inculpé mardi et qui plombe sa campagne.
L'intention de Mme Merkel n'est pas d'apporter "un soutien" au candidat Emmanuel Macron mais de soigner "les relations avec la France", a affirmé de son côté une porte-parole du gouvernement allemand, Ulrike Demmer.
Et la chancelière conservatrice a fait savoir fin janvier qu'elle était disposée à rencontrer les différents candidats français, à l'exception de la chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen, aux positions anti-immigration et anti-euro.
L'intérêt en Allemagne pour le candidat centriste, y compris dans les rangs du parti de la chancelière, est réel. En privé, des proches de la chancelière soulignent qu'Emmanuel Macron est selon les sondages le plus à même d'empêcher une victoire du Front national et ne cachent pas leur étonnement, au vu de sa mise en examen, face au maintien de la candidature de l'ancien Premier ministre, pourtant investi par un parti proche de celui d'Angela Merkel.
Positions pro-européennes
M. Macron est actuellement au coude à coude avec Mme Le Pen dans les intentions de vote pour le premier tour de la présidentielle française, le 23 avril. François Fillon est en troisième position.
Les scandales qui éclaboussent ce dernier sont jugés avec sévérité dans un pays intransigeant sur l'éthique des politiques.
"Emmanuel Macron est aujourd'hui pris au sérieux en Allemagne. Sa volonté affichée de vouloir rendre la France crédible en faisant des réformes fait écho aux préoccupations allemandes", souligne Claire Demesmay, politologue à l'Institut allemand de politique étrangère à Berlin.
Les responsables allemands saluent la volonté réformatrice et de maîtrise des déficits tant de François Fillon que d'Emmanuel Macron.
Ce dernier marque des points supplémentaires en Allemagne par ses positions résolument pro-européennes. Or "dans un contexte inquiétant pour l'avenir de l'UE, avec le Brexit, la Pologne, les élections aux Pays-Bas, l'Allemagne a besoin d'une France ouverte aux questions européennes", analyse Mme Demesmay.
En 2012, Mme Merkel n'avait pas rencontré François Hollande, alors candidat socialiste, et avait apporté son soutien au président sortant Nicolas Sarkozy, candidat d'un "parti ami" de son parti conservateur (CDU).
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