M. Hamon et son équipe présenteront ce programme à la Maison de l'Architecture à 11H00, deux semaines après un exercice similaire d'Emmanuel Macron, désormais loin devant M. Hamon dans les enquêtes d'opinion.
Pas de virage à 180 degrés dans cette nouvelle version, qui reprend les piliers du projet qui a fait le succès de Benoît Hamon à la primaire de la "Belle Alliance populaire": réforme démocratique (avec le 49-3 citoyen), ambition écologique, revenu universel d'existence.
Mais le candidat socialiste à la présidentielle poursuit son effort pour crédibiliser ses propositions, et prouver que le "futur désirable" qu'il appelle de ses voeux est aussi "possible", et finançable en respectant la contrainte européenne des 3% de déficit maximum, au moins à la fin du quinquennat.
Dans le souci de rassembler son camp, M. Hamon a pioché dans les programmes d'Arnaud Montebourg, de Vincent Peillon, de Manuel Valls et de Sylvia Pinel, la présidente du PRG, avec qui le PS est parvenu à un accord cette semaine.
Comme annoncé la semaine dernière, le revenu universel d'existence, conçu comme une réponse à la raréfaction du travail, apparaît désormais comme une mesure pour soutenir le pouvoir d'achat des 19 millions de Français qui le toucheront: bénéficiaires actuels du RSA, étudiants, indépendants, salariés percevant jusqu'à 1,9 SMIC.
Evaluée à 35 milliards d'euros pour sa première étape, la mesure sera financée grâce à une réorientation de 10 milliards d'euros des crédits alloués au CICE (Crédit impôt compétitivité et emploi) et au Pacte de responsabilité, et par du déficit (et non plus, comme M. Hamon l'affirmait dans la primaire, par une réforme de la fiscalité du patrimoine).
'Candidat de l'emploi'
Benoît Hamon entend aussi déminer les inquiétudes liées à sa fameuse "taxe sur les robots". Loin d'empêcher l'innovation, celle-ci viendra abonder un "fonds de transition travail", dédié à financer la formation et le retour à l'emploi des chômeurs. "Cette contribution ne concernera que les entreprises dont la robotisation s'accompagne d'une réduction des effectifs", précise M. Hamon dans un courrier adressé à Mme Pinel et dont l'AFP a obtenu copie.
Autre mesure -reprise à Arnaud Montebourg-, la priorité accordée au Made in France et aux petites et moyennes entreprises, auxquelles 50% des marchés publics seront réservés. "Une mesure qui fait véritablement de la commande publique un levier à partir duquel nous pourrons stimuler le tissu économique local", explique le candidat dans Le Parisien de jeudi.
Ce n'est pas le seul emprunt de M. Hamon à l'ancien ministre de l'Economie, puisque le député des Yvelines promet aussi de taxer les superprofits des banques, et de renforcer le pouvoir des salariés dans les entreprises: ceux-ci représenteront la moitié des membres votants des conseils d'administration des grandes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire.
La présentation de ce programme suffira-t-elle à calmer les inquiétudes des socialistes ? Mardi, malgré les premiers gestes de bonne volonté effectués par M. Hamon, sur le revenu universel d'existence ou les déficits, l'ex-Premier ministre Manuel Valls a annoncé qu'il ne parrainerait pas M. Hamon, dénonçant une "dérive" et une "forme de sectarisme" du candidat.
Mercredi soir, l'une de ses proches, la secrétaire d'Etat Juliette Meadel, s'est à nouveau fait l'écho de ces réticences, affirmant se poser "de plus en plus (de questions) sur la stratégie et le programme" de M. Hamon.
Mais M. Hamon a aussi reçu lors d'un meeting à Nice le soutien sans équivoque de la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem: "Oui, tu es cher Benoît le candidat de l'emploi et de la valeur travail (...) celui du travail choisi, celui du travail de qualité, celui des salariés bien rémunérés et formés", lui a-t-elle notamment lancé sous les applaudissements de la foule.
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