Pour 90% des Français, une réforme et une "transition" du modèle agricole sont "prioritaires", c'est-à-dire "la mise en place et le développement d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement, produisant des aliments locaux, plus sains et sûrs".
L'étude, réalisée à la demande de l'association Agir pour l'environnement, n'a pas cherché à savoir si les Français étaient prêts à payer plus cher pour se nourrir mieux.
Mais elle montre une rare unanimité de la société sur ses souhaits pour les enjeux d'agriculture et d'alimentation, qui transcende l'origine géographique (Paris, régions), l'appartenance sociale, ou le bord politique des répondants, du NPA au FN en passant par FG, PS, EELV, Modem, UDI, LR, ou Debout la France. Seuls les agriculteurs, qui représentent moins de 3% de la population active, n'ont pas été isolés ni sondés en particulier dans l'étude.
82% des personnes interrogées sont ainsi favorables à une "réorientation des subventions vers une agriculture biologique et paysanne", afin d'atteindre 20% de la surface agricole cultivée en bio en 2022, au lieu de 6% actuellement.
"Grenelle" de l'Agriculture
Sur les pesticides, 86% des sondés se disent favorables à "l'interdiction progressive" de leur emploi "d'ici 2025" dans l'agriculture. Enfin, 67% se déclarent opposés aux projets de méga-fermes d'élevage concentrant plus de 1.000 animaux.
"Je ne suis pas étonné par ces résultats, il traduisent ce que nous sentons sur le terrain depuis longtemps", a indiqué à la presse, Stephen Kerckhov de APE, lors d'une présentation de l'étude Ifop.
Agir pour l'Environnement et six autres associations environnementales et paysannes en ont profité pour demander des engagements aux candidats à la présidentielle afin qu'ils organisent un "Grenelle" de l'Agriculture et de l'Alimentation juste après l'élection.
"Les instances où sont décidées les politiques agricoles - Safer, Commission départementales, ou régionales - doivent s'ouvrir aux citoyens. Nous sommes prêts à nous impliquer dans la transition", a ajouté Olivier Lavielle qui s'occupe de la structure reliant les 2.000 AMAP françaises (soit 4.000 paysans et 200.000 clients appelés les "amapiens").
"Dans toutes les couches de la société, y compris dans les quartiers les plus défavorisés, il y a une envie de manger plus intelligemment, même la grande distribution s'en est aperçue, elle communique beaucoup dessus", relève Jean-Christophe Robert de Filières Paysannes.
"Renationaliser"
Mais les choix à faire pour "renationaliser" des filières d'agriculture ou d'élevage pourraient remettre en cause certains modèles "productivistes" actuels.
Un exemple, cité par Julien Adda, secrétaire général de la Fédération nationale de l'Agriculture biologique:
Pour développer la production d'oeufs bio, secteur où la demande dépasse largement la production, il faut, soit créer des "échanges locaux" entre producteurs de céréales et éleveurs afin que tout le monde "gagne sa vie" avec des produits de qualité, soit bâtir des usines de "poules pondeuses nourries au blé indien bio importé", et risquer "de voir les prix s'effondrer".
"La France est tombée dans une absurdité, les agriculteurs produisent de plus en plus et ils n'en vivent même plus. On a mis en place une machine infernale, il faut arrêter ça", conclut Freddy Le Saux, de l'association Terre de Liens, qui s'occupe de racheter du foncier pour installer de jeunes agriculteurs.
L'étude Ifop a été réalisée auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, sélectionnées selon la méthode des quotas, et interrogées en ligne du 10 au 12 mars. La marge d'erreur varie entre 1,4 (pour les résultats de 5 ou 95%) et 3,1 (pour les résultats de 50%).
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