"On ne peut plus laisser les choses continuer comme cela", a estimé le ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux à propos du camp de Grande-Synthe dont la population a fortement progressé depuis la fermeture en octobre du bidonville de Calais où s'entassaient plusieurs milliers de migrants.
Le "démantèlement progressif du camp (de Grande-Synthe) doit pouvoir démarrer le plus rapidement possible", a-t-il insisté.
Rixes et tensions entre réfugiés - principalement kurdes - ont émaillé le fonctionnement de ce camp, ouvert en mars 2016 à l'initiative de la mairie écologiste, qui assurait respecter les normes internationales en vigueur pour les sites humanitaires.
M. Le Roux s'est notamment inquiété de phénomènes "inacceptables", tels que "rançons" ou "prêts" pour "limiter l'accès" à des dispositifs tels que les douches.
Le ministre de l'Intérieur n'a donné aucun calendrier, ni détails logistiques. Dans son entourage, on assurait qu'il ne s'agissait pas de fermer le camp "brutalement" mais "de revenir à quelque chose qui soit gérable", avec la nécessité de démanteler "une partie" de ce camp.
"Ils étaient 750 en début d'année, ils sont aujourd'hui 1.500, c'est inacceptable", a-t-on ajouté de même source.
Selon l'organisation Médecins du Monde, "à la suite de la destruction d'une partie des abris, les 1.500 personnes officiellement recensées doivent aujourd'hui s'entasser dans moins de 300 cabanons devenus extrêmement vétustes car non entretenus".
"Ces conditions sanitaires détériorées et cette promiscuité affectent directement la santé des personnes", avait récemment déploré MDM.
Le ministre de l'Intérieur recevra jeudi le maire de Grande-Synthe Damien Careme, qui s'est dit "très surpris" par l'annonce d'un démantèlement.
"Ce camp est aujourd'hui plus que nécessaire" et "si on en est là, c'est parce que la réponse humanitaire n'était pas suffisante", a affirmé à l'AFP le maire écologiste, "père" de ce projet unique en France, ouvert malgré les réticences de l'État - même s'il avait fini par en prendre la cogestion.
Même surprise du côté des associations: "cette annonce est purement électoraliste", alors que la présidentielle française se déroule les 23 avril et 7 mai, selon François Guennoc, de l'Auberge des migrants.
Avec ses 1.600 repas distribués par jour, le responsable ne nie pas la problématique: "Oui, la situation du camp s'est dégradée car il y a plus de monde qu'en octobre". "Le camp s'est délabré, il est contrôlé par les passeurs, il y a de la violence… mais il n'y a pas d'alternative pour le moment, sinon de dormir dans la rue comme à Calais".
Quel que soit le calendrier, il faudra réussir à convaincre les 1.500 habitants de partir, alors que beaucoup rêvent toujours de gagner la Grande-Bretagne.
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