Votre quatrième livre s'intitule "Ainsi, Dieu choisit la France". Pourquoi ce sujet?
"En premier lieu, j'essaie d'écrire les livres que j'aurais aimé lire. Lorsque j'étais à l'Élysée, j'ai écrit beaucoup de discours sur la religion. Celui du Puy-en-Velay sur les racines chrétiennes de la France notamment. Et en me documentant, je me suis rendu compte que la connaissance était diffuse, la documentation dispersée et ancienne. J'ai cru repérer un manque et le sujet me passionnait".
Pourquoi dit-on de la France qu'elle est "fille aînée de l'Église"?
"Car Clovis est le premier roi barbare à se convertir au catholicisme romain. Ce roitelet franc, qui règne uniquement sur la région de Tournai, se voit ainsi ouvrir les portes de la Gaulle romanisée et christianisée. Pour Clovis, l'intérêt est évident: au nom de l'Église, avec l'appui des évêques, les conquêtes sont plus faciles. Autant de victoires qui le confortent dans l'idée que Dieu l'a choisi… C'est un moment fondateur de notre histoire: la France, "choisie" par Dieu, naît ce jour-là. La France, qui n'a pas d'identité territoriale, lui doit une partie de son identité et sa longévité. Elle sera le premier pays unifié quand les royaumes voisins restent morcelés. Cette vocation divine va structurer notre pays, légitimer son existence mais aussi ses conquêtes. Lorsque le système monarchique disparaît, le lien de primogéniture est maintenu. C'est d'ailleurs resté: les philosophes des Lumières n'ont fait que laïciser la mission divine, universelle de la France… devenue terre des droits de l'homme".
La victoire de François Fillon le pieu à la primaire de la droite aurait-elle pu faire l'objet d'un chapitre?
"C'est une confirmation de plus de la résurgence catholique. Et qu'il existe un électorat catholique comme l'ont rappelé les mobilisations de 1984 et 2013. Depuis 40 ans, le catholicisme français était discret, quasiment souterrain, comme si la société rejetait son ossature religieuse. Or, c'est un fait social et c'est un contresens absolu que de vouloir l'évacuer ou le réduire. C'est même une tactique des pouvoirs totalitaires. Mais, avec l'effondrement des idéologies et la question que pose l'Islam et son dévoiement par des barbares sans limites, on assiste à une reprise de conscience que la France est fille aînée de l'Église. On dit que l'Église française est aujourd'hui moribonde mais elle a toujours traversé des moments creux. En 1800, la déchristianisation était bien plus importante qu'aujourd'hui. L'Église a l'éternité pour elle".
Pratique. "Ainsi, Dieu choisit la France", Presses de la Renaissance, 300 pages, 18 €.
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