A la veille d'un scrutin législatif crucial qui pourrait redessiner entièrement le paysage politique des Pays-Bas, 60% des 12,9 millions d'électeurs inscrits ignorent toujours s'ils se rendront mercredi à l'isoloir ou pour qui ils voteront parmi un nombre record de 28 partis candidats, selon l'Institut Clingendael à La Haye.
"Je vais regarder le débat de près afin d'être sûr de ma décision et pour qui je vais voter", reconnaît Giorgio Frans, 20 ans, devant le Binnenhof, forteresse datant du Moyen-Age et siège du gouvernement.
De son côté, Mieke Oostrom, 78 ans, assure avoir réduit son choix à deux candidats. "Mais je n'ai jamais envisagé de voter pour (Geert) Wilders", le député d'extrême droite, assure-t-elle.
'Chassez cet homme'
Selon la dernière étude du site de référence Peilingwijzer publiée lundi, le Parti populaire libéral et démocrate (VVD) du Premier ministre Mark Rutte, toujours en tête, est crédité de 24 à 28 sièges sur les 150 que compte la chambre basse du Parlement, loin des quarante dont il dispose actuellement.
Candidat à un troisième mandat à la tête du pays de 17 millions d'habitants, Mark Rutte dit "se battre très fort" pour repousser son rival anti-système, anti-islam et anti-immigration.
Dans son programme politique succinct, Geert Wilders a promis de fermer les frontières aux immigrants musulmans, d'interdire la vente du Coran et de fermer les mosquées, dans un pays dont la population compte environ 5% de musulmans, selon les estimations.
M. Wilders a cependant vu ces dernières semaines son Parti pour la Liberté (PVV) reculer, crédité de 20 à 24 sièges.
Les deux hommes se sont affrontés lundi dans un virulent face-à-face télévisé sur l'avenir du pays, alors que ce scrutin est considéré comme un baromètre de la montée de l'extrême droite en Europe en cette année d'élections à travers le continent.
"Je ne collaborerai pas avec un tel parti, monsieur Wilders, pas dans un gouvernement. Jamais", a déclaré Mark Rutte. Tandis que le député controversé a appelé les citoyens à "chasser cet homme" de la Torentje, le bureau du Premier ministre, "si vous voulez que les Pays-Bas soient à nouveau à nous".
Même si le PVV sortait des urnes comme la plus grande formation du pays, ce qui est peu probable aux yeux des experts, Geert Wilders ne devrait pas figurer au gouvernement, la majorité des autres partis ayant promis de ne pas collaborer avec lui.
Fragmenté
Le compte à rebours final a lieu sur fond de crise diplomatique entre La Haye et Ankara, après l'interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.
Renforcé dans l'opinion par cet épisode d'après les analystes, le Premier ministre s'est dit "en colère" mardi et a qualifié de "falsification nauséabonde de l'Histoire" les propos de M. Erdogan sur le massacre de 8.000 musulmans de Srebrenica par les forces serbes de Bosnie en 1995.
Un massacre que les Casques bleus néerlandais sous mandat de l'ONU n'ont pu empêcher et qui est vécu dans le pays comme un véritable traumatisme.
Les partis traditionnels, comme l'Appel démocrate chrétien (CDA) ou les Démocrates 66 (D66), pourraient jouer un rôle clé dans les négociations menant à la formation d'un cabinet ministériel.
Et dans le paysage politique fragmenté, le prochain gouvernement pourrait être composé de quatre à cinq partis, une coalition peut-être plus fragile.
Chiffre jamais atteint jusqu'à présent, près de 5 millions de citoyens dans le flou avaient rempli vendredi le sondage du site web StemWijzer, destiné à aider les électeurs à savoir pour qui voter selon leurs opinions.
"C'est tellement volatil, beaucoup de choses peuvent encore se passer", explique à l'AFP Monika Sie Dhian Ho, directrice de l'Institut Clingendael, évoquant des programmes politiques aux différences peu marquées et l'importance des performances médiatiques des politiciens.
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