Depuis le vote pour le Brexit, Mme Sturgeon n'a eu de cesse de dénoncer un résultat dont les Ecossais ne voulaient pas. 62% d'entre eux ont voté pour rester dans l'Union européenne quand le Royaume-Uni dans son ensemble a décidé à 52% d'en sortir.
Le choix par la Première ministre britannique de s'engager sur la voie d'un Brexit "dur", synonyme de sortie du marché unique et de frein à l'arrivée d'immigrés européens, a tendu davantage la situation. Tout comme le refus de Mme May de consulter les parlements régionaux sur les futures négociations avec Bruxelles.
D'où son annonce lundi, a justifié Nicola Sturgeon, usant du même vocabulaire que Theresa May pour réclamer le droit pour les Ecossais de "reprendre le contrôle" de leur avenir.
Elle place ainsi Mme May dans une situation délicate pour négocier avec Bruxelles alors que le Parlement vient de lui donner le feu vert, sans condition, pour entamer les discussions. Elle ne pourra en effet pas se targuer de parler au nom de tout le Royaume-Uni comme elle le promet depuis des mois.
'Crise constitutionnelle'
"Il est évident que le Royaume-Uni est de plus en plus divisé", a souligné mardi le chef du PPE au Parlement européen (droite, majoritaire) Manfred Weber. "Mme May n'a pas su rallier l'ensemble du pays derrière elle", a-t-il relevé, évoquant également la question de l'Irlande du Nord, où la population a également voté contre le Brexit.
Dans cette province britannique longtemps marquée par les violences, les nationalistes du Sinn Fein ont enregistré une progression importante aux élections législatives anticipées organisées début mars. Emboitant le pas à Nicola Sturgeon, ils ont appelé à la tenue d'un référendum d'union avec la République d'Irlande "dès que possible".
Pour Quentin Peel, membre associé du programme de recherche sur l'Europe au centre de réflexion Chatham House, le pays est désormais entré "en terre inconnue".
"Nous ne savons pas où nous allons, si la menace écossaise combinée avec la possible menace d'une rébellion en Irlande du Nord peut au final empêcher Theresa May de faire ce qu'elle fait", s'alarme-t-il.
John Springford, directeur de recherche au Centre for European Reform estime lui que si Theresa May "persiste à vouloir un Brexit +dur+, on pourrait finir avec une crise constitutionnelle et la possible implosion du Royaume-Uni".
La demande de référendum doit recevoir l'accord du gouvernement britannique et faire l'objet d'un vote au Parlement de Westminster. Selon les analystes, Mme May n'est pas en position de refuser, au risque sinon d'attiser davantage le sentiment nationaliste en Écosse, mais elle peut retarder l'échéance pour éviter que la ocnsultation n'interfère avec les négociations du Brexit.
La dirigeante écossaise, chef du parti indépendantiste SNP, veut qu'il se tienne fin 2018-début 2019 soit pile à la période où Londres devrait boucler ses négociations de sortie avec Bruxelles.
Mais ce calcul n'est pas non plus forcément gagnant, selon M. Springford, "car plus Theresa May recule l'échéance, plus le SNP va l'accuser de vouloir les sortir de l'UE sans leur consentement et ainsi augmenter le soutien au camp indépendantiste".
Le précédent référendum sur l'indépendance, en 2014, s'était soldé par un maintien dans le Royaume avec 55% des voix, mais le Brexit a changé la donne, avec près de la moitié des Ecossais (48%) désormais favorables à la séparation, selon un sondage publié lundi.
A Bruxelles, face à ce cas inédit, un porte-parole de la Commission européenne a rappelé mardi qu'une Écosse indépendante ne recevra pas de traitement de faveur et devra candidater pour intégrer l'UE.
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