Tous les médias britanniques faisaient mardi leur une sur cette demande de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon lancée lundi, qui chamboule le jeu et fait peser la sérieuse menace d'un éclatement du Royaume-Uni.
Côté presse conservatrice, le tabloïd eurosceptique Daily Mail dénonçait le cynisme de Mme Sturgeon, titrant "Bas les pattes de notre Brexit, Nicola". Le Daily Telegraph s'attend lui à "Une nouvelle bataille pour le Royaume-Uni".
Le Guardian, pro-UE, estime lui que la victoire de Mme May au Parlement a été "éclipsée" par Mme Sturgeon, qui a su "saisir le moment stratégique" pour faire son annonce.
Les deux chambres du parlement ont en effet voté sans heurt le projet de loi permettant à la Première ministre conservatrice de déclencher l'article 50 du traité de Lisbonne qui lance le divorce avec l'Union européenne.
Mme May doit à présent intervenir devant les élus britanniques pour leur rendre compte du dernier sommet européen qui s'est déroulé la semaine dernière à Bruxelles.
'pire moment possible'
Reste maintenant à savoir quand précisément elle compte notifier à Bruxelles le départ de son pays, après plus de quarante ans d'une relation tourmentée. Côté Downing Street, on insistait lundi sur le fait que le déclenchement interviendrait à la fin du mois de mars, alors qu'il est théoriquement possible à tout moment.
Selon des sources gouvernementales citées par les médias britanniques, ce petit délai serait lié à la volonté d'éviter que l'annonce du divorce n'interfère avec les élections aux Pays-Bas mercredi et les célébrations du 60e anniversaire du Traité de Rome, le 25 mars.
Mais l'annonce lundi matin par la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon de son intention d'organiser un nouveau référendum d'indépendance fin 2018 ou début 2019 a sans doute aussi joué un rôle.
"Mme May, pour l'avenir de l'union (du royaume, ndlr), ne voulait pas se montrer cavalière en se précipitant pour activer l'article 50 un jour après la déclaration de Sturgeon", estime The Guardian.
La cheffe du gouvernement régional écossais a annoncé qu'elle demanderait la semaine prochaine au Parlement régional l'autorisation de réclamer l'accord du gouvernement britannique pour lancer la procédure.
Une telle consultation requiert en effet l'accord de Londres.
Theresa May a dénoncé le projet lundi comme "facteur de division" intervenant "au pire moment possible". Mais si elle a le pouvoir de refuser une telle consultation, cette position serait politiquement difficile à tenir, risquant d'attiser encore plus la flamme indépendantiste.
Mme Sturgeon a justifié sa demande de référendum par "le mur d'intransigeance" opposé par le gouvernement britannique aux demandes des Ecossais concernant le Brexit, alors qu'ils veulent notamment rester dans le marché unique européen. Or Mme May souhaite un Brexit clair et net impliquant la sortie du marché unique afin de pouvoir reprendre le contrôle de l'immigration.
L'Ecosse a voté à 62% pour le maintien dans l'UE lors du référendum du 23 juin qui a décidé le Brexit par 52% des voix.
L'annonce de Mme Sturgeon intervient alors que son parti, le SNP, se réunit en congrès en fin de semaine à Aberdeen (Ecosse), tandis que le Parti conservateur de Mme May se réunira lui à Cardiff (Pays de Galles).
Le précédent référendum sur l'indépendance, en 2014, s'était soldé par un maintien dans le Royaume avec 55% des voix, mais le Brexit a changé la donne, avec près de la moitié des Ecossais (48%) désormais favorables à la séparation, selon un sondage publié lundi.
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