Cette annonce surprise a immédiatemment rencontré une forte opposition chez plusieurs joueurs du Stade Français, qui ont été informés au cours d'une réunion très tendue.
Laurent Travers et Laurent Labit, actuels entraîneurs du Racing 92, dirigeront l'équipe professionelle qui naîtra de la fusion entre le club des Hauts-de-Seine et le Stade Français, a officialisé lundi Jacky Lorenzetti.
"Nous garderons notre centre d'entraînement du Plessis-Robinson, qui sera rénové et agrandi", a ajouté le président du Racing au cours d'une conférence de presse commune avec Thomas Savare, son homologue du Stade Français pour présenter "cette association effective dès la saison prochaine". Aucune information sur ce projet n'avait filtré auparavant.
Effectifs réduits drastiquement
Les deux hommes assumeront une présidence tournante biennale de l'entité qui naîtra dès la saison prochaine de la fusion entre les deux clubs: Savare sera président du conseil de surveillance les deux premières années et Lorenzetti dirigera le directoire avant un échange des deux rôles.
Interrogé sur la prépondérance du Racing dans ce projet, Lorenzetti a argué que son élection à la tête du directoire était soumise à l'approbation du conseil de surveillance et que le futur directeur général serait celui du Stade Français, Pierre Arnald.
"C'est à peu près équilibré", a estimé Lorenzetti.
Les deux présidents entendent "coopérer au niveau des associations et fusionner (leurs) deux équipes professionnelles", a précisé M. Lorenzetti. Dans le rugby français, les clubs professionnels sont adossés à des associations amateurs support qui détiennent le pouvoir de les engager ou non en championnat.
La fusion des effectifs obligera les deux parties à diminuer drastiquement leurs troupes. "Il faudra que les deux Laurent (Travers et Labit) fassent des choix", a avancé Lorenzetti.
Côté Stade Français, ça grogne
La prédominance à peine voilée du Racing dans cette fusion express a suscité de fortes réactions négatives en face, notamment chez les joueurs.
Parisien depuis 2007, l'international de 36 ans Pascal Papé (65 sélections) a exprimé sur Twitter sa "tristesse". L'arrière Hugo Bonneval a sobrement tweeté: "13/03/2017: END".
"C'est pas une fusion, c'est le rachat du Stade Français par le Racing... donc la mort de notre club, le club de Paris", enrage sur Facebook l'avant de 23 ans Paul Gabrillagues, natif de la capitale et formé au Stade Français. "Je (ne) participerai pas à cette mascarade. Manifestez-vous et montrez qu'on est nombreux à l'aimer, ce club". Un mécontentement également ressenti par Mathieu de Giovanni et Sekou Macalou.
Interrogé par l'AFP, Max Guazzini, ex-président historique du Stade Français, a déclaré qu'il ne ferait "pas de commentaire".
Savare, dont la famille - 56e plus grande fortune de France, avec 1,2 milliard d'euros, selon le classement 2016 établi par Challenges - est à la tête du groupe Oberthur, avait sauvé le Stade Français de la faillite en 2011, lorsqu'il avait racheté le club à Guazzini.
Lorenzetti est devenu actionnaire majoritaire du Racing 92 en 2006. Dans le même classement, Challenges estimait sa fortune à 570 millions d'euros (123e).
Le nouveau club "préservera les racines du Racing 92 comme celles du Stade Français", affirment les deux places fortes du rugby francilien.
Le 13e du Top 14 repêché ?
La fusion des deux clubs devrait entraîner de facto la disparition d'une équipe du Top 14, et par ricochet le maintien du 13e (actuellement Grenoble) en fin de saison.
La Ligue nationale de rugby (LNR) a indiqué à l'AFP qu'elle attendait la présentation du projet par les deux clubs dans l'après-midi pour s'exprimer. Son Comité directeur est prévu mardi et mercredi.
Par ailleurs, les deux clubs doivent s'affronter le 29 avril au Stade Jean-Bouin en championnat; une rencontre potentiellement décisive pour la qualification pour le Racing 92 et pour le maintien dans l'élite pour le Stade Français.
Parmi les premiers clubs créés lors de l'introduction du rugby en France dans le dernier tiers du XIXe siècle, les deux formations nourrissent une rivalité ancestrale: le Racing avait remporté la première finale du championnat de France face... au Stade Français en 1892, ce dernier prenant sa revanche l'année suivante.
Dans quel stade?
Leur renaissance sportive dans les années 1990, pour le Stade Français, et 2010, pour le Racing, a remis leur rivalité sur le devant de la scène. Ils sont d'ailleurs les deux derniers détenteurs du Bouclier de Brennus: le Stade Français a été champion en 2015, le Racing en 2016.
Cette saison, ils connaissent toutefois des difficultés sportives puisque le champion en titre occupe seulement la 7e place du Top 14 après 20 journées, tandis que le Stade Français apparaît au 12e rang seulement.
Les deux clubs disposent ou vont disposer de stades modernes. Propriété de la mairie de Paris, le stade Jean-Bouin (XVIe arrondissement), où évolue le Stade Français qui s'entraîne au sud-ouest du Bois de Boulogne, a été rénové en 2013 et peut accueillir 20.000 spectateurs dans sa configuration actuelle, tandis que le Racing 92, qui se prépare au Plessis-Robinson, attend la livraison d'une nouvelle enceinte de 32.000 places en fin d'année 2017 à Nanterre.
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